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XIXe siècle (lots 30-58)

Caillebotte, Gustave

11 lettres à Claude Monet, 1889-1894. Correspondance amicale abordant des sujets très divers : pêche à la crevette, lecture d'œuvres de Flaubert et de George Sand, installation d'un système d'arrosage, etc.

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June 18, 12:31 PM GMT

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Lot Details

Description

Caillebotte, Gustave

11 lettres autographes signées à Claude Monet.

[1879 ?]-1894.

 

24 pages in-8 ou in-12 (207 x 135 à 155 x 98 mm), 2 lettres sur papier deuil et 2 à l’adresse imprimée du Petit-Genevilliers.

 

Correspondance amicale entre deux amis de longue date, Caillebotte apportant un soutien affectueux et financier à son aîné. Dans une belle lettre datée de Trouville en 1884, il évoque son admiration pour Flaubert : "il est olympien".

 

- Mardi. Son frère Martial lui a rapporté une triste nouvelle annoncée par Monet [la mort de sa première épouse Camille ?]. "Je suis désolé de n’avoir pas été présent à temps. J’espère que vous me connaissez assez pour croire que je me mets entièrement à votre disposition. Si vous avez besoin de quelques choses ou si vous désirez que j’aille à Vétheuil dites-le moi. Écrivez-moi au petit Gennevilliers".


- Sans date [avant 1881]. "Depuis quelques jours il n’y a pas un souffle de vent. Il m’est donc impossible de vous dire quand pourra se faire ce petit voyage. Pour aller de Maisons à Vétheuil il faut bien compter 2 jours".


- Lundi. N’ayant pu se rendre à Vétheuil comme prévu, il demande à Monet ce qu’il compte faire de la rue Vintimille : "Il est temps de s’en occuper". À partir de 1878, Caillebotte loua au 9 de la rue Vintimille dans le IXe arrondissement un appartement qui servit d’atelier parisien et d’entrepôt pour les toiles de Monet.


- Trouville 18 juillet 1884. Où il est question de Flaubert dont il vient de lire la correspondance, de George Sand, de Delacroix, de Degas et du "père Hugo". "Je me suis mis aux marines et j’ai l’espoir que cela marchera. Je commence à m’habituer à ce pays et à y voir un tas de choses que je n’y voyais pas. C’est drôle comme je suis long à m’habituer quelque part. […] Je viens de lire les lettres de Flaubert. Quel livre intéressant et quel prodigieux artiste mais c’est égal je vous avouerai qu’il y a bien des choses que je ne comprendrai jamais, à commencer par cette amitié et cette admiration pour George Sand. Avez-vous jamais lu ou pu lire La Petite Fadette et tant d’autres niaiseries paysannesques, La Mare au Diable etc. Cela me semble rudement loin de Flaubert. Par exemple c’est bien décourageant aussi. Peut-être trouvera-t-on plus tard que ce qui a manqué à cet homme, c’est, il le dit lui-même, de n’être pas olympien. Tout son art manque de calme, et quand on a lu cela je crois qu’il s’en dégage une seule idée bien nette : il a voulu prouver que tout le monde était bête, que toutes les sciences toutes les religions etc. etc. n’étaient rien. Et quel vide après cela. C’est absolument décourageant. Cette lecture m’a tué. J’imagine que bien des grands artistes vous rattachent plus à la vie. Regardez donc l’œuvre de Delacroix à côté de celle de Flaubert. Il a autant à se plaindre de la bêtise de ses contemporains, mais dans son œuvre il n’en est pas question. Son art est au-dessus de cela. Il est olympien. J’imagine que Millet aussi était olympien. Ceci n’exclut pas la fierté ni le mépris de la bêtise des autres. Je veux dire seulement qu’il ne faut pas tant s’occuper de ce qui n’a pas si grande importance. Tenez, Degas n’est pas olympien. Et cela lui aura terriblement manqué. Il y a des biens jolies choses sur le 'père Hugo’. Mais comment peut-il mettre sur la même ligne Zola et Daudet. Et cette horreur de Veuillot, un homme qui, comme Flaubert n’a été préocupé [sic] que de la phrase, de la façon d’exprimer le plus simplement et le plus clairement ce qu’il avait à dire. Et beaucoup de choses de ce genre. Mais c’est égal grand travailleur et si vraiment désintéressé de tout hors de son art. Sans ces lettres je doute que l’on eut pu comprendre comment l’Éducation Sentimentale et Saint Antoine étaient du même homme".


- 22 juillet 1884. Il envoie de l’argent et une lettre de Durand-Ruel.


- 25 août 1884. "Justement je reviens d’une petite ballade qui a commencé par Dieppe. Si j’avais su que vous étiez à Étretat !.. C’est toujours comme cela et le temps devient mauvais et du reste je vais m’en aller. Je compte être dimanche à Argenteuil. Merci bien de vos prunes. Je ne vous ai pas renvoyé de crevettes. J’ai très peu pêché. J’ai fait de la peinture. Quelle belle année !".


- 1er septembre 1885. "Je voulais vous consacrer ma dernière journée de Trouville et vous envoyer une belle bourriche de crevettes mais il a plu à verse depuis 4 h. du matin jusqu’au soir, et pas de vent. Je ne suis pas sorti et vous n’aurez plus de crevettes cette année".


- [Paris] 1er juin 1885. Il doit décliner une invitation au café Riche, devant se rendre à Bayeux pour un conseil de famille "et ça n’est pas amusant".


- Naples 28 octobre 1885. Il voyage en Italie avec son frère. "Je n’ai pas très beau temps, mais il y a de beaux pays où vous devriez passer une saison. Je vous expliquerai cela dans huit jours".


- 24 janvier 1894. Lettre relative aux mesures et aux coûts d’une grille en fer forgé, indiquant les cordonnées d’un serrurier à Neuilly-sur-Seine.


- 11 février 1894. Exposition, avec moult détails techniques, du système d’arrosage à pompe que Caillebotte a fait installer chez lui et dont il est très satisfait. Caillebotte recommande à Monet de s'adresser à la compagnie Worthington et de se procurer du fer galvanisé pour éviter la rouille, une chaudière assez importante, de vérifier la capacité du réservoir, son élévation, la prise d’eau, etc. "Tenez-moi au courant de cette affaire d’arrosage. J’ai payé cher mon expérience je pourrais peut-être vous éviter quelques ennuis".

Archives Claude Monet (Paris, 13 décembre 2006, n° 40).

La lettre du 18 juillet 1884 est citée par Gustave Geffroy, Monet [1924], Paris, Macula, 1980, p.297-298