View full screen - View 1 of Lot 61. 5 lettres et une pièce signée, à Jean Amrouche, 1941-1958. Rencontre entre Camus l'Oranais et lAmrouche, le Kabyle tunisien. .

De la collection Pierre Amrouche et Suzanne Amrouche-Molbert (lots 59-81)

Camus, Albert

5 lettres et une pièce signée, à Jean Amrouche, 1941-1958. Rencontre entre Camus l'Oranais et lAmrouche, le Kabyle tunisien.

Lot closes

June 18, 01:01 PM GMT

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3,000 - 5,000 EUR

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Lot Details

Description

Camus, Albert

5 lettres dont 4 autographes et une dactylographiée, toutes signées, à Jean Amrouche et une pièce signée.

Oran, Bougival ou Paris, 1941-1958.


6 pages in-4 ou in-8, en-têtes de la Nrf, de la Librairie Gallimard ou de Combat.


Rencontre entre deux "frères de sang", ainsi que l’écrit Camus dans une de ces lettres, liés par leurs racines africaines communes et la passion de la littérature.


Issu d’une famille kabyle, établie à Tunis dans le Protectorat français de Tunisie quelques années après sa naissance, Mouhoub-Jean Amrouche (1906-1962) poursuit une brillante carrière littéraire et radiophonique, d’abord à Alger puis à Paris, fondant notamment la revue L’Arche à la veille de la Libération, et inventa un nouveau genre radiophonique avec une série de grands Entretiens qu’il mena notamment avec Giono, Mauriac, Claudel et André Gide.


La première lettre date du retour de Camus sur le sol algérien au début de la guerre. Il s’adresse à Jean Amrouche pour le féliciter des articles courageux publiés dans la TFL [La Tunisie Française Littéraire, revue dans laquelle lui-même avait fait paraître Comme un feu d’étoupes au mois de mai 1941]. Il lui suggère de réfléchir à la possibilité de faire paraître ses Chants Berbères dans la collection "Poésie et théâtre" qu’il dirige pour Edmond Charlot : "Voudriez-vous alors examiner avec moi dans un esprit amical , et pour le moment sans engagement d'aucune part, la publication de vos poèmes dans cette collection. […] J'ajoute à peine que si nous trouvons un accord, les frais d'édition ne vous concerneraient pas". Il lui fait également parvenir un papier de Claude de Fréminville qui pourrait trouver place dans la T.F.L. (Oran, 26 octobre).


Dans les lettres suivantes, Camus ne s’adresse plus à un "cher Monsieur" mais à son cher Amrouche ou à son cher Jean, le vouvoyant puis le tutoyant et l’entretenant de questions amicales, littéraires, notamment à propos de la revue L’Arche dirigée par Amrouche, et politiques, exposant son opinion sur le FLN et la guerre en Algérie.


Bougival [1945]. "Cher Amrouche, pourquoi m'écrire de ‘bas en haut’ ? Ne sommes-nous pas un peu frères de sang ? Que nous nous soyons si peu vus n'a aucune importance. Nous avons en commun quelque chose de bien plus important, ne croyez-vous pas ? Dans tous les cas, j'ai toujours pensé que je devais être avec vous dans cette histoire de L'Arche. Est-ce que mon texte sur Oran ne vous plaît pas ? Si oui, vous pouvez y prendre ce que vous voulez. Sinon, il faudra que je vous trouve quelque chose d'autre. […] En tous les cas, ne mettez pas entre nous deux une timidité qui n'y est pas"…


2 février. "J'ai pour vous l'amitié que je porte à tout ce qui est vivant et noble dans mon pays. Je crois, moi, que l'homme méditerranéen est une idée neuve – comme l'amour, la révolte ou le sang – comme la mer elle-même qui nous a élevés. J'écris à [Jules] Roy pour lui dire mon accord sur le dîner du 6 février, aurez- vous le temps de commander le couscoussier, j'ai tant d'ennuis matériels que vous me rendrez service en prenant cela à votre charge. Sinon, nous dînerons à la parisienne".

Le 8 avril 1947, par une pièce dactylographiée, portant l’en-tête et le timbre humide de Combat, Camus certifie que Jean Amrouche est chargé par le journal d'une enquête sur la situation intérieure des territoires de l'Algérie. "Le journal Combat serait reconnaissant aux autorités civiles et militaires de bien vouloir prêter aide et assistance à notre envoyé spécial".


12 octobre. Il lui fait parvenir des poèmes et des contes d’André Benjamin Constant, "un ami de Gide et de Copeau, dont les vers ont été publiés par la Nrf et le Mercure et qui est mort très jeune. Ses amis désirent voir publier ces œuvres posthumes et ils ont pensé aux éditions Charlot". C’est le peintre Armand Assus, repartant pour Alger, qui lui a transmis ces manuscrits.


20 septembre. À propos d’une affaire concernant les éditions Charlot pour laquelle il a chargé Claude Gallimard de le représenter. "Ne sois donc pas étonné de recevoir sous peu une lettre de lui et ne donne pas d'autre interprétation à cette décision que le désir si je puis de ne pas discuter affaire avec vous".


Paris 6 janvier 1958Sur l’avenir de l’Algérie, au retour de Stockholm où Camus a reçu le prix Nobel . "Tu me confirmes que tu es partisan de l'indépendance d'une nation algérienne. […] Je crois que j’en comprends bien toutes les raisons. Cependant, dans le contexte historique actuel, cela reviendrait à remettre l'Algérie et ses habitants à la discrétion du FLN. Selon moi, et pour le moment, ce serait livrer les Français d'Algérie et un grand nombre d'Arabes à une pure et simple [ajouts de deux mots autographes] aventure. La solution pour moi ne peut être que fédérale, comme je l'ai déjà dit il y a longtemps, et à condition que tous les éléments de la communauté algérienne connaissent à la fois justice et liberté. Je crois cela réalisable dès l'instant où l'hystérie réciproque pourra s'apaiser. Autrement dit, et provisoirement, il ne faut désigner aucune collectivité en tant que telle à la vindicte de l'autre. C'est ainsi que j'ai imaginé ma tâche et c'est ce qui m'a séparé d'à peu près tout le monde en France. Cette séparation vient de s'accuser encore plus profondément avec l'accueil qui m'a été fait à mon retour en France. J'ai donc décidé d'accepter cette solitude, de ne plus répondre à rien, et de continuer à témoigner en tant qu’écrivain par le livre. Garde seulement de cet échange le souvenir de ce que je t'ai dit. J'espère qu'il pourra t'aider à tempérer quelques positions et à aider si peu que ce soit à un apaisement futur dont je ne doute pas."

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