De la collection Pierre Amrouche et Suzanne Amrouche-Molbert (lots 59-81)
Lettres adressées à Amrouche, par René Char, Paul Claudel, Jean Dubuffet, Jean Giono, André Malraux et François Mauriac.
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June 18, 01:00 PM GMT
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Description
[Amrouche, Jean] ─ René Char, Paul Claudel, Jean Dubuffet, Jean Giono, André Malraux, François Mauriac
42 lettres adressées à Jean Amrouche, la plupart autographes.
1945-1962.
Relatives aux activités d’Amrouche comme rédacteur en chef de la revue L’Arche et comme initiateur de grands entretiens radiophoniques dans les années 1940-1950.
Issu d’une famille kabyle, établie à Tunis dans le Protectorat français de Tunisie quelques années après sa naissance, Mouhoub-Jean Amrouche (1906-1962) poursuit une brillante carrière littéraire et radiophonique, d’abord à Alger puis à Paris, fondant notamment la revue L’Arche à la veille de la Libération, et inventa un nouveau genre radiophonique avec une série de grands Entretiens qu’il mena notamment avec Giono, Mauriac, Claudel et André Gide.
CHAR René. 3 lettres autographes signées (2 pages in-4 et 1 page in-8).
- L’Isle-sur-Sorgue, 16 novembre 1946. "Je suis heureux et touché de votre mot, de vos sentiments à l’égard de mes poèmes. […] je souhaite bonne chance à l’Arche et vous prie cher Jean Amrouche de croire à mes sentiments de vive sympathie".
- 29 janvier 1947, adressée à Monsieur le rédacteur en chef de L’Arche. Le ton de René Char est moins amène et plus "officiel" que dans les deux précédentes lettres. Il ironise sur les erreurs commises par le critique et enseignant Aimé Patri dans sa chronique sur les "problèmes de la poétique" : "Notre arithméticien, tant ‘l’hermétisme’ le déroute, va même jusqu’à m’attribuer le beau vers d’André Breton : ‘Ma femme aux yeux d’eau pour boire en prison’ (L’Union libre). M. Patri est libre de lire ou non les ouvrages dont il rédige les compte-rendus mais il mérite des coups de règle sur les doigts quand il prétend le faire sérieusement. M. Patri retournera à l’école. M. Benda sera son censeur et M. Mounier son correspondant… Je vous remercie de porter cette lettre à la connaissance des lecteurs de votre revue" (1 page in-4). C’est dans le n°22 de la revue que se trouve cet article du critique et enseignant Aimé Patri, et dans le même numéro, avait paru Conjuration, poème de René Char pour le ballet créé au Théâtre des Champs-Élysées en avril 1947.
CLAUDEL Paul. 2 lettres autographe signées.
- 31 décembre 1945. "J’ai déjà tant d’engagements de toutes sortes que je ne puis malheureusement vous promettre ma collaboration pour l’Arche. Je dois vous avouer d’ailleurs que le patronage d’André Gide que vous invoquez est loin d’être pour moi un attrait ! C’est le contraire !" (1 page in-8, en-tête de l’hôtel Baur au Lac à Zurich). Jean Amrouche s’était intéressé à l’œuvre de Claudel très jeune, en même temps qu’il découvrait celle de Gide, mais cette proximité n’avait été goûtée par aucun des deux écrivains (voir lettres de Gide à Jean Amrouche, lot 33).
- 7 février 1951. Billet amical lui proposant de convenir d’un rendez-vous (carte-lettre in-8, avec adresse). Jointe : carte de visite rédigée Mme Paul Claudel avec un carton d’invitation pour l’audition de la première émission des Mémoires Improvisés de Claudel recueillis par Amrouche (le 8 mai 1951).
DUBUFFET Jean. Lettre autographe signée. [Paris] 23 mars 1954 (1 page ½ in-4, à son en-tête).
Longue lettre relative à l’émission radiophonique de Jean Amrouche, "Des idées et des hommes - Quelques propos sur la peinture", enregistrée à l’occasion de la rétrospective Dubuffet présentée au Cercle Volney en mars-avril 1954. L’artiste, ayant été interrogé par Georges Limbour et René de Solier, donne son avis sur ladite émission, regrettant le débit un peu contracté de sa propre voix et le ton trop sévère d’une conversation tournant entièrement autour du raisonnement et de l’analyse, un ton "hautement en vogue dans les cercles intellectuels internationaux de notre heure et qui n’est pas celui auquel j’attribue le plus de vertu, quant à moi, convaincu que je suis qu’on donne à saisir davantage de ses humeurs et de son être au moment où l’on découpe une viande ou sauce une salade […] que quand on s’évertue à expliquer". Dubuffet suggère donc à Amrouche d’adopter dans le futur un style plus simple et plus gai. "La forme bien plus importante que le fond, dans tous les domaines, c’est là mon idée". Il va lui faire parvenir la monographie que Georges Limbour lui a consacrée, Tableau bon levain à vous de cuire la pâte (éd. René Drouin, 1953).
GIONO Jean. 18 lettres autographes signées, 1952-1960 (20 pages in-4 ou in-8, une enveloppe et un télégramme).
Relatives aux entretiens menés par Amrouche et sa sœur Marie-Louise Taos (épouse du peintre André Bourdil). Giono impose ses conditions pour ces enregistrements. Il tient à ce que rien de provençal ne soit utilisé. "Je ne suis pas un écrivain provençal et je ne suis de Manosque que par occasion", qu’on lui fasse grâce de toute musique provençale. Par télégramme, il exige la suppression totale de toute musique et de toute addition. Il se dit mécontent des interventions de Marie-Louise, approuve la façon de lire d’Amrouche, accepterait qu’on donne un extrait de Que ma joie demeure à condition qu’on propose un livre "de ce qu’on appelle la 2e manière" comme Les Âmes fortes. Il rend hommage à la patience et à l’obstination de Jean Amrouche. "Continuez donc, lecture et texte enregistrés, n’ajoutez rien mais supprimez, retranchez tout ce qui sera nécessaire. J’approuve par avance toutes les suppressions mais aucune addition". "Les entretiens, purs et simples, votre voix, celle de M.L quand ses interventions seront pertinentes et seulement dans ce cas et ma voix un point c’est tout". "Les entretiens sont très bien maintenant. Grâce à vous qui avez su tenir bon pour imposer un rythme valable". En août 1953, ces entretiens achevés, et qui lui valent de nombreuses lettres enthousiastes, il réclame le solde dû pour les deux dernières émissions, etc.
MALRAUX André. 7 lettres signées dont une autographe, 1947-1954 (7 pages in-4 ou in-8, à son adresse à Boulogne-sur-Seine, une enveloppe).
En 1947, il remercie Amrouche de lui avoir signalé certains de ses entretiens, lui répond à propos d’une éventuelle autorisation d’utiliser le texte d’une conférence prononcée à Genève, lui propose un rendez-vous. En 1950, il l’assure que s’il envisageait une série d’interviews à la radio "ce serait avec vous". Deux ans plus tard, il lui fait parvenir un exemplaire des Voix du silence. Le 30 novembre 1954, il est contraint de reporter des interviews, étant peu à Paris, et répond évasivement à une question d’Amrouche (probablement concernant l’Algérie), quelques semaines après les premiers attentats des nationalistes algériens. "Pour le Général, je ne sais pas. Je ne l’ai pas entendu parler de cette question depuis longtemps. Mais le chef de son secrétariat (M. Olivier Guichard) […] doit savoir ce qu’il en est".
MAURIAC François. 11 lettres ou cartes signées dont 3 dactylographiées, 1951-1962 (15 pages formats divers dont 2 cartes postales illustrées d’une vue du château de Malagar, 2 enveloppes).
Correspondance amicale évoquant leur collaboration, des pages écrites par Amrouche "avec tant de foi", des rendez-vous, et la situation en Algérie. En février 1953, Mauriac parle du rôle que doivent jouer les catholiques de gauche pour réveiller l’espoir, en 1955 d’un scénario sur la vie de La Vallière qu’il ne se sent pas capable d’écrire seul. Le 9 décembre 1957, à propos de la guerre en Algérie : "Ce n’est pas par un sentiment impérialiste ou colonialiste que je crois redoutable pour l’Algérie l’indépendance réclamée par le F.L.N.", car s’il souhaite à l’Algérie le maximum d’autonomie, s’affirmant comme adversaire irréductible des méthodes et de la politique suivies par la France, il regrette cependant l’indulgence d’Amrouche à l’égard du terrorisme. Et en 1959, il s’inquiète d’une possible opposition au général De Gaulle dont la présence a été une grâce : "si nous la repoussons, il sera demandé compte à cette génération de tout le sang répandu injustement". Trois ans plus tard, il est question d’une "douloureuse paix" dont Amrouche a été l’un des artisans les plus acharnés et les plus désintéressés. Jointe : une lettre signée avec post-scriptum autographe, à Mme Amrouche, 26 février 1963, à propos de l’éventuelle publication de ses entretiens qui selon lui ne s’impose pas, notamment en raison de l’histoire récente dont Amrouche lui-même a été la victime.
Quelques propos sur la peinture, disponible en podcast sur le site de Radio-France : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/des-idees-et-des-hommes-quelques-propos-sur-la-peinture-7772436
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