XIXe siècle (lots 30-58)
6 lettres à sa femme Alice, écrites de Rouen, 1892-1893.
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June 18, 12:39 PM GMT
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Description
Monet, Claude
6 lettres autographes signées à Alice Hoschedé-Monet.
Rouen mars 1892-mars 1893.
14 pages in-8 ou in-12 (de 210 x 135 à 165 x 104 mm).
Très bel ensemble de lettres durant la deuxième campagne des Cathédrales, parlant de peinture et de terrains que Monet souhaite acquérir pour aménager un jardin aquatique, le futur bassin aux nymphéas.
- Jeudi [10 mars 1892]. Étonnante mise en garde contre les prétendants américains de ses belles-filles, Monet ayant appris une possible relation entre Suzanne et le peintre Theodore Butler. "Ce qui me surprend bien plus, c'est qu'après les déceptions et désillusions passées, les filles aient pu répondre à des avances de la part d'Américains de passage à Giverny, car il est inadmissible que ce monsieur ait osé venir vous voir, sans que Suzanne ait répondu à ses avances. Je trouve singulier, du reste, qu'encore cette fois, cela débute en mon absence. Ce monsieur peut être un brave garçon, mais ce que nous savons de son existence d'aventures et de sa situation n'a rien de rassurant. Vous n'avez pas le droit de repousser les demandes pour vos enfants, mais votre devoir c'est de veiller au choix, quand il s'agit d'une pareille loterie, et vous avez le devoir, après ce qui s'est passé, de refuser votre fille à un Américain, à moins qu'il ne soit connu de nous par relation ou présentation". Alice doit obtenir une réponse nette de Suzanne : "si elle est amoureuse folle, que ce soit une passion, lui faire voir les inconvénients après renseignements pris, si ce qui doit être ce n'est pas passion insurmontable, couper court à toute espèce d'espoir. Cela dit, que vous donniez ou non suite à cela, il m'est impossible de rester plus longtemps à Giverny. Je veux de suite vendre la maison; vous savez ce que j'ai fait avec Breck [John Leslie Breck, un habitué de Giverny, qui s’attira les foudres de Monet en raison de son attirance pour Blanche Hoschedé] et l'autre, et vous savez le résultat, je ne veux pas recommencer". Monet dément vouloir voir le mal partout mais se méfie de gens "qui se vantent de ne pas avoir d'état civil, ni de papiers".
Suzanne Hoschedé épousera Theodore Earl Butler – dont la situation financière avait rassuré Monet – le 20 juillet 1892, quelques jours après le propre mariage du peintre avec Alice.
- Rouen samedi soir [26 mars 1892]. "Merci de vos bonnes lignes et de vos consolantes espérances, mais, hélas, les jours perdus ne se retrouvent pas, c'est bête, mais c'est comme cela. Je craignais une plus mauvaise journée encore, car j'ai pu travailler à deux toiles de temps gris, mais ne me suis pas hasardé à aller dans la cour de la cathédrale, à cause de ma gorge, qui n'est ni pire ni mieux, mais me gêne toujours. […] L'appétit est bon, et le moral, ma foi, est encore clair et lucide, dès que je peux travailler". Si le mauvais persiste à Rouen, "il fait un orage carabiné, tonnerre, éclairs, qui ne présage rien de bon", il reviendra à Giverny dès le lendemain.
- Mercredi soir [8 mars 1893].La météo étant propice, il va rester à Rouen. "Je ne viendrai pas demain, surtout avec ce beau temps; c'est déjà joli de prendre les dimanches. Le temps marche, et j'ai tant à faire, si je veux m'en tirer". Il donne quelques instructions concernant des travaux et des plantations à Giverny et s’interroge sur le prix que des voisins cultivateurs pourraient offrir pour un terrain.
- Vendredi [10 mars 1893]. "Ma chérie, vous avez bien de la chance d’avoir un beau soleil. Ici c’est de pire en pire. Ce matin il faisait un temps superbe mais ça a été de courte durée, à 9h de la grêle, et toute la journée ça a été une succession de pluie, de neige, de soleil par dix minutes enfin un vrai temps de giboulées et assez froid. Cependant je sens que si j’avais un temps propice, j’arriverais à faire quelque chose".
- Jeudi soir [16 mars 1893]. Le mauvais temps qui s’est installé le contrarie. "C’est samedi nouvelle lune, c’est mon dernier espoir, si j’avais du beau temps il me semble qu’après tous ces efforts toutes ces recherches, je pourrais arriver, mais par le temps qu’il fait c’est impraticable et cependant je lutte et travaille quand même […] reprenant mes toiles au fur et à mesure que le temps change. C’est abrutissant et très fatigant. Je te quitte et t’envoie toute ma tendresse dans ce baiser, embrasse les enfants".
- Lundi soir [20 mars 1893]. "2e lettre". Lettre relative aux difficultés rencontrées pour des aménagements à Giverny. "J'étais tout à ma peinture et relativement content. Cela me met en rage et je ne veux plus m'occuper de rien, avec des Malassis et tous ces gens de Giverny, plus les ingénieurs, les piqueurs, etc. Il n'y a que des ennuis à avoir et, ma foi, j'y renonce totalement. Je n'écris pas au préfet, je vais télégraphier à Lagrange de ne rien envoyer. Il ne faut rien louer, ne commander aucun grillage et jeter les plantes aquatiques à la rivière, elles y pousseront. Donc ne plus m'en parler, je veux peindre. Merde pour les naturels de Giverny, les ingénieurs. Je donne le terrain à qui le voudra. Je suis furieux, voilà, et te demande pardon de ces lignes, mais je n'ai pas de chance : chaque fois que je peux travailler, il surgit un ennui qui vient me préoccuper. Vive l'île déserte. Enfin, si je puis dormir et peindre demain, je me fiche du reste".
D. Wildenstein. Claude Monet. Catalogue raisonné, III. Lettres 1139, 1142, 1185, 1189 et 1193. La lettre du 10 mars 1893 n’est pas citée.
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