XIXe siècle (lots 30-58)
4 lettres autographes signées à sa femme Alice ou à sa belle-fille Blanche. Londres, mars 1900-1901.
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June 18, 12:46 PM GMT
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Description
Monet, Claude
4 lettres autographes dont deux signées à Alice ou à Blanche Hoschedé-Monet.
Londres, mars 1900-1901.
17 pages et demie in-8 (de 203 x125 à 175 x 112 mm), en-têtes du Savoy Hotel à Londres.
Pendant deux des séjours de Monet à Londres au cours duquel il produisit la grande série des vues de la Tamise et du Parlement.
Il donne des nouvelles de son emploi du temps, de son fils Michel – installé à Londres – et confie à son épouse ses tourments et ses inquiétudes.
- Jeudi soir, 6h ½ [8 mars 1900]. Il se réjouit des bonnes nouvelles qu’il a reçues d’Alice. "Ici excellente journée de travail, bien qu’il n’a pas fait tout à fait du soleil, mais il y avait des lueurs délicieuses et j’ai rudement travaillé". Puis il évoque un dîner chez les Hunter où il a rencontré une comtesse très simple et agréable, et parlé de la guerre [des Boers] avec le ministre "type extraordinaire, sourd comme un pot et très bavard mais en anglais, il ne dit pas un mot de français et ces dames à tour de rôle me traduisait [sic] ses histoires dont plusieurs des plus comiques". Il est aussi question de la fille de Mme Hunter, d’un autre dîner prévu chez son hôtesse, en compagnie de l’écrivain et critique d’art George Moore, et d’une apparition de la reine Victoria dans les rues de la ville : "Il y a encore eu aujourd’hui un grand soulèvement de joie du peuple anglais à cause de la venue de la reine qui s’est promenée dans Londres. C’était du délire absolument, nous avons vu cela de ma fenêtre, Michel et moi, quelle foule". Enfin, il évoque Lucien Guitry "qui est vraiment très bien d’avoir eu cette pensée".
Non citée dans Wildenstein.
- Lundi 19 mars 1900, midi. Monet est complétement découragé et juge ses toiles affreuses.
"À 6 h. j’étais debout stupéfait de voir les toits couverts de neige, et j’espérais que le temps de m’habiller, cela allait fondre, mais c’est un brouillard terrible qui est survenu au point d’être dans l’obscurité complète, et j’ai dû avoir de la lumière jusqu’à 10 h ½. À ce moment j’ai cru pouvoir travailler, mais jamais ça n’a été changeant comme ça et j’ai dû prendre plus de 15 toiles à tour de rôle les lâchant pour les prendre et jamais ce n’était cela. Quelques coups de pinceaux malheureux finalement, m’énervant me mettant en colère, j’ai tout mis dans les caisses, et ne veux plus même regarder par la fenêtre sentant bien qu’en cet état d’esprit je ne ferais que des bêtises, et trouvant affreuses toutes ces toiles, qui le sont peut-être plus que je pense. […] Pardonne-moi de me laisser, ainsi aller mais tu le sais je souffre quand je suis ainsi et à qui me confier, si ce n’est à toi. Pardonne-moi et console-moi, et si je reprends le dessus sois courageuse dans peu de jours je serai près de toi, et je donnerai je ne sais quoi pour arriver moins désespéré".
Reprenant sa lettre quelques heures plus tard,(sur un second feuillet), il avoue ne pas pouvoir rassurer Alice : "après déjeuner, j’ai voulu encore essayer le temps était à peu près beau mais variable comme jamais, et j’ai eu tort. J’aurais mieux fait de sortir et de prendre paisiblement cette demi-journée de repos. Je me suis de plus en plus énervé, le pauvre Michel en était stupéfait, il m’avait vu tout le temps si plein d’ardeur. Heureusement j’ai renoncé à l’hôpital, et j’ai demandé à Michel de sortir avec moi à 4h. Nous sommes allés à la Tour de Londres et marché beaucoup, pour que je puisse dormir car tu le sais ça me rend malade. Aussi demain je prendrais une détermination et t’enverrais une dépêche soit pour annoncer mon retour soit pour te dire si le calme m’est revenu. Il n’y a qu’une chose qui pourrait faire ce miracle c’est un temps un tout petit peu stable alors je tenterai un dernier effort".
- Jeudi 29 mars 1900. Signée "Claude" (4 p. sur un bifeuillet) Peu de temps avant son retour en France. Préoccupé par diverses commissions dont il est chargé, il ne fait rien de bon. "J’espère que cela ira mieux demain, car aujourd’hui j’ai bien gâté et perdu 2 toiles. Je suis sans nouvelles de Michel, sans doute il reviendra demain ou samedi, aussitôt nous ferons l’achat pour les petits, je compte beaucoup sur Michel pour tout cela car je n’ai guère le temps. Dis à Germaine que je ferai tout mon possible sans rien garantir". Il préfère revenir par Dieppe plutôt que par le Havre où ce serait "un ennui du diable" pour faire transporter ses bagages du bateau à la gare, et enjoint Alice de rester calme et de ne pas se tourmenter.
Monet a complété la date de cette lettre par cette mention "Jour de leur départ, avec beau temps", faisant allusion au départ de la famille Butler pour les États-Unis (après la mort de sa sœur Suzanne mariée au peintre Theodore Butler, Marthe Hoschedé prit soin de ses neveux et accompagna le jeune veuf chargé de famille à New York ; à leur retour en France, Marthe épousa Butler le 31 octobre 1900).
- 24 mars 1901. Lettre datant du quatrième et dernier séjour londonien de Monet, à sa belle-fille Blanche. Malade depuis deux semaines, il va beaucoup mieux malgré une pleurésie que son stupide médecin n’a pas su détecter. "Je me sens bien quoi qu’avec encore un peu de douleurs dans le dos ; mais je mange et dors bien sans aucune fièvre et je peux faire quelques croquis au pastel pour me désennuyer. Quand [sic] à la peinture de mes toiles, non il ne faut pas m’en parler quoique tu en penses. Je n’ai naturellement pas eu de lettres de Giverny aujourd’hui ce qui m’attriste toujours". Il lui tarde de rentrer pour donner un peu de consolations à sa pauvre Alice, inquiète pour son fils Jean-Pierre à qui un congé militaire a été refusé.
D. Wildenstein. Catalogue raisonné, IV. Lettres 1533, 1544 et 1627. La lettre du 8 mars 1900 n'y figure pas.
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