[Marine]

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Journal de navigation du navire Le Vigilant. Manuscrit.

Janvier à mai 1770.

4 cahiers in-4 (200 x 160 mm). Encre brune sur papier vergé. Broché, liens de soie bleue. Chemise et étui modernes, demi-veau, dos à nerfs orné de fers dorés.

Une expédition aux Moluques : quand Pierre Poivre tente de briser le monopole hollandais du commerce des épices.

Le manuscrit s’articule en quatre parties :

[1]. 16 janvier-9 février 1770. De l’isle Luçon à l’isle de Mindanao. 28 pages et 2 feuillets blancs.

[2]. 15 février- 9 mars 1770. De l’isle de Mindanao à l’isle de Jolo et à l’isle de Miao. 26 pages.

[3]. 10 mars-8 avril 1770. De l’ile de Miao à l’ile de Timor. 22 pages et 3 feuillets blancs.

[4]. 15 avril-30 mai. De l’ile de Timor à l’lle de France. 25 pages et un feuillet blanc.

Sont consignés, jour après jour, les relèvements du mouillage, les relevés au lever du soleil, à midi et au coucher du soleil, les latitudes et longitudes, les vents, etc. Quelques notes dans les marges, donnant des précisions ou des rectificatifs, ont été ajoutées ultérieurement.

Ce manuscrit est un intéressant témoignage sur la description des côtes philippines et de l’archipel indonésien.

La corvette Le Vigilant, commandée par le capitaine Évrard de Trémignon, ainsi que L’Étoile du matin, goélette commandée par M. d’Etcheverry, furent affrétées en mai 1769 par Pierre Poivre dans le but de ravir aux Hollandais le monopole du commerce de la muscade et du clou de girofle et de rapporter des plants pour introduire leur culture dans les colonies françaises.

Le journal débute le 16 janvier 1770, le lendemain de l’appareillage du Vigilant et de L’Étoile du matin en rade de Manille où ils relâchaient depuis le 18 septembre 1769. Le Vigilant fait alors voile vers l’île de Mindanao.

L’Étoile du matin est évoquée le 9 février, alors que Le Vigilant est en rade de Samboangan ("Nous avons resté dans cette rade jusqu’au jeudi pendant lequel tems on a fait un mast de isaine et deux masts de hunes à létoile du matin"), et le 15 février ("un moment après nous avons aperçu létoile du matin qui avoit passé à E. de la ditte isle [île de Miao aux Moluques] pour y chercher aussi un mouillage laquelle n’a point trouvé ainsi que nous").

Le 18 février, Le Vigilant mouille en rade de Jolo. Un mois plus tard, le 16 mars est précisé "vu un vaisseau hollandais de 3 mats"

Le 4 avril, Makassar, dans le sud de l’île des Célèbes, est en vue. À cette date, le journal indique "qu’il est venu à bord un bateau du païs qui nous a appris que les Portugais avoient été chassés de Liphao, qu’ainsi il nous étoit inutile d’y aller pour y trouver des rafraichissements et que si nous voulions cenir chez son roi nous y trouverions […] des rafraichissements". Ce même jour est consigné l’incident survenu à la flûte de la Compagnie des Indes, L’Utile, qui s’était perdue au large de Timor. "L’Utille est arrivé à Liphao en juin. La chaloupe a été prise en entoilage à Déli par les portugais […] ils ont été conduits de là à Liphao tous nus il en est mort moitié dans le voyage […]".

Mi-avril, Le Vigilant fait route vers l’Île de France (île Maurice). "Le petit îlot que j’ai relevé hier midy 17 avril entre Sincao et la pointe du s[dud] de la baie du Coupan [Kupang] n’est point une ile séparée comme elle me la parut, j’ai bien distingué que cela étoit les basse terres de l’île de Sincao […]". Le 15 mai, il est au large de l’île Rodrigues, à l’est de Maurice. Quinze jours plus tard, l'équipage a "connoissance de lile Ronde" où la corvette mouille le mercredi 30 mai, date à laquelle s’achève ce journal.

Une mention manuscrite, de la même main, précise "Rendu Le Vigillent au Roi le 11 juin 1770".

Dès l’année suivante, Poivre organisera une nouvelle expédition qui s’avèrera plus fructueuse que celle-ci et rapportera une importante quantité de plants et de graines.