[Hugo, Victor] — Charles Hugo, François-Victor Hugo ou Auguste Vacquerie

[Hugo, Victor] — Charles Hugo, François-Victor Hugo ou Auguste Vacquerie

Portrait de Victor Hugo à Jersey.

1852-1853.

Daguerréotype sixième de plaque (127 x 114 mm ; plaque visible : 73 x 60 mm).

Rare portrait inédit : on ne connaît que 8 portraits daguerréotypes de Victor Hugo.

Portrait pris à Marine Terrace, à Jersey au bord de l'océan, où vécut la famille Hugo pendant l'exil de 1852 à 1855, avant de partir pour Guernesey et se s'établir à Hauteville House.

Un atelier de photographie à Jersey (1852-1855). Durant ces années, la photographie prit une grande importance pour les exilés : Charles Hugo, François-Victor Hugo et Auguste Vacquerie mettent en place un véritable atelier photographique à Marine Terrace, avec l’idée d’illustrer un livre sur les îles de la Manche, tandis que Hugo comprend l’usage politique qu’il peut faire de ses portraits pour diffuser son image de proscrit. Le projet d’édition n’aboutira pas, mais l’atelier verra naître de nombreuses photographies, de paysages, des exilés et de leurs visiteurs. L’activité photographique se poursuivra à Guernesey à partir de 1855, où un autre atelier sera installé jusqu’au départ de Vacquerie et de Charles Hugo.

Si les tirages sur papier sont relativement nombreux, les daguerréotypes sont rarissimes. Ils furent vraisemblablement réalisés sur une très courte période – pendant huit mois seulement, de l'automne 1852 à la fin du printemps 1853 – et on n’en connaît que 16 plaques (voir le catalogue, établi à l’occasion de l’exposition au musée d’Orsay, des photographies d’exil de Victor Hugo et de son entourage, p. 96-99). Inconnu jusqu’à ce jour, le daguerréotype que nous présentons est la 17^e épreuve de ce corpus réduit. Notons que parmi les 16 daguerréotypes répertoriés, 8 seulement représentent Victor Hugo (n° 1 à 8), parfois en compagnie d'une autre personne. À l'exception de deux exemplaires non localisés, ils sont presque tous conservés dans des collections publiques (Musée Victor Hugo, Villequier ; Maison de Victor, Paris ; Musée d’Orsay ; Bibliothèque nationale de France).

Ces daguerréotypes n’étant pas signés, il est difficile de les attribuer avec certitude à Charles Hugo, François-Victor Hugo ou à Auguste Vacquerie, d’autant que les trois photographes travaillaient de concert.

La pose fait penser à celle, inversée, d’un portrait de Charles Hugo que l’on connaît sur papier salé (idem, cat. n° 21). On y voit le poète assis devant un rocher, la main au front, regardant au loin : cette pose, dite "du penseur et du poète", est l’une des trois poses que Hugo a choisi de livrer à la postérité, ainsi que l’a analysé Pierre Georgel, qui relève aussi la pose "du combattant" de 1848, les bras croisés, ou celle de "l'exilé", main glissée à l'intérieur de la veste, profil de médaille (op.cit., p. 102).

Selon la tradition familiale, ce daguerréotype, ainsi qu’un bijou et divers objets (voir lot 42), ont été donnés par Juliette Drouet à sa filleule Juliette Koch, qui elle-même les a cédés à son amie Eleanore Scott, avant que cette dernière ne les donne, en 1951, aux parents de l’actuel propriétaire.