View full screen - View 1 of Lot 74. Le Lion. Paris, Gallimard, 1958. In-12. Maroquin rouge de Alix. Précieux exemplaire de tête de l'édition originale, exemplaire nominatif de Maurice Druon avec un long envoi autographe..

XXe siècle (lots 58 à 98)

Kessel, Joseph

Le Lion. Paris, Gallimard, 1958. In-12. Maroquin rouge de Alix. Précieux exemplaire de tête de l'édition originale, exemplaire nominatif de Maurice Druon avec un long envoi autographe.

Estimate

18,000 - 22,000 EUR

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Lot Details

Description

Kessel, Joseph

Le Lion.

Paris, Gallimard, 1958.

 

In-12 (184 x 115 mm). Maroquin rouge, plats de veau bleu ardoise, dos lisse avec chiffre "MD" doré en pied, tête dorée, doublure et gardes de papier bois, couverture et dos (Alix). Étui moderne (Elbel libro 2021).

 

Un des exemplaires les plus désirables de l’immense succès de Kessel.

 

L’exemplaire n° V spécialement imprimé pour Maurice Druon avec un bel envoi autographe.

 

Édition originale.

 

L’un des XXIII exemplaires nominatifs (n° V), celui-ci spécialement imprimé pour Maurice Druon, d’un tirage de tête à 45 exemplaires sur vélin chamois d’Arches des Papeteries de Navarre, tous hors commerce et réservés pour l'auteur.

 

Bel envoi autographe signé à Maurice Druon, à la justification :

"Mon grand Maurice,

En fait ce n’était pas l’an thibétain mais le triomphe de l’organisation. J’avais pris un V pour un 5 romain. Tant mieux. Tu auras ainsi deux exemplaires et tu les mérites bien.

Ton vieux

Jef".

 

Dans cet envoi un peu sibyllin, Joseph Kessel confesse une confusion entre deux tirages, à savoir les 23 exemplaires nominatifs numérotés en chiffres romains et les 22 exemplaires marqués A à V.

 

Heureuse faute… Maurice Druon se vit donc gratifier de deux exemplaires du Lion : l’exemplaire marqué V et celui-ci, le n° V, tous deux enrichis d’un bel envoi autographe, et qu’il fit relier à l’identique.

Les envois se répondent l’un l’autre. Celui qui figure dans l’exemplaire marqué V, que Kessel avait pris pour un exemplaire nominatif, fait également allusion à cet énigmatique "jour de l’an thibétain" : "Mon grand Maurice, le jour de l’an thibétain nous poursuit par une incroyable coquille ton nom est le seul à avoir sauté sous le numéro. Et ce livre doit tant à ta foi en lui ! Mais que puis-je faire que de t’embrasser avec toute ma tendresse et de dire merci pour le Lion. Ton Jef."

 

Cette référence au" jour de l’an thibétain" remonte au printemps 1943. Kessel vient de rejoindre la Résistance à Londres aux côtés de Druon et tous deux composent, dans une auberge au sud de Londres, les paroles du Chant des Partisans sur une musique d’Anna Marly, enregistré le 24 mai par Germaine Sablon, la compagne de Kessel. Cependant, celle-ci va décider de quitter Londres. Kessel, désemparé, reprend alors la rédaction de L’Armée des ombres et, en prise à ses démons, cherche consolation dans la dive bouteille. 

Maurice Druon décrit le visage désolé de Kessel "lorsqu’un jour où il était bien décidé à noyer son cafard, un maître d’hôtel lui présenta une tasse de thé en lieu et en place de l’alcool espéré.

- C’est un jour ‘sans’, sir, s’excusa le head waiter.

- C’est surtout le jour de l’an tibétain, grommela Kessel.

Dès lors, ‘le jour de l’an tibétain’ qualifia les déceptions qu’un sort contraire lui faisait éprouver : restaurant ou bar fermé, lieux et gens dont il attendait beaucoup, et qui se révélaient sans intérêt" (Y. Courrière, p. 585).

 

Pour l’écrivain, le jour de l’an tibétain semble donc synonyme de jour d’abstinence !

 

Le Lion devient le livre de l’été 1958 et entre dans la liste de best-sellers de la littérature française, avec Le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier, L’Étranger de Camus, La Condition humaine de Malraux et Le Petit Prince de Saint-Exupéry" (Olivier Weber, Dictionnaire amoureux de Joseph Kessel, Paris, Plon, 2019, p. 659).


Neveu de Joseph Kessel, Maurice Druon (1918-2009), après le suicide de son père, fut comme un fils pour l’écrivain. Prix Goncourt en 1948 pour son roman Les Grandes familles, élu à l'Académie française en 1966, au 30e fauteuil en remplacement de Georges Duhamel, il en devint le secrétaire perpétuel de 1985 à 1999. Il fut ministre des Affaires culturelles de 1973 à 1974. 

Maurice Druon (envoi, ex-libris de l'Académie française avec sa devise "À l'immortalité" et chiffre doré poussé en pied du dos ; vente Maurice Druon, Paris, 18 mai 2021, lot n° 8).

 Y. Courrière. Joseph Kessel ou Sur la piste du lion, Paris, Plon, 1985, p. 585.

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