8 lettres autographes signées, à ses amis Jean Dubuffet, Jean Vodaine, Michel Tapié...
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Description
Chaissac, Gaston
8 lettres autographes signées à Jean et Lili Dubuffet, Jean Vodaine, Michel Tapié, etc.
[1949-1955] et sans date.
17 pages in-4 ou in-8 (265 x 210 à 200 x 175 mm), la plupart sur papier quadrillé de cahier d’écolier, à l’encre noire, bleue ou rose, et au crayon ; deux lettres avec adresse et marques postales sur un des feuillets.
Dont quatre lettres au poète et éditeur Jean Vodaine, une lettre à Michel Tapié et une autre à Jean et Lili Dubuffet.
Où il est question d'Hippobosque au bocage (Gallimard, 1951), de camarades vendéens, artistes, artisans ou agriculteurs, de la fermeture des bordels, de tableaux peints avec de l’encaustique incorporé à la peinture, de totems et du galeriste Arne Ekstrom, de champignons, de miel et de camembert, ou encore de troubles intestinaux.
4 lettres à Jean Vodaine : elles évoquent des projets de publications, dont un recueil de contes pour lequel Chaissac souhaiterait solliciter plusieurs préfaciers comme l’évêque de Luçon ou Henry Poulaille. Dans la première de ces lettres, Chaissac lui apprend que tous deux sont publiés dans la revue de Jean L’Anselme, Peuple et poésie. "Je trouve qu'un homme du peuple ne peut, ne doit être un amateur et que seuls les aristocrates peuvent se le permettre d'en être. J'ai appris (par un ami commun) que vous aussi aviez acheté une presse à bras. Cela vous intéresserait-il de devenir mon éditeur et que je devienne le vôtre ? Nous pourrions éventuellement nous abandonner les droits d'auteur". Et il signe "Joséphine Julakus (alias Gaston Chaissac)". Il décrit longuement au jeune éditeur un travail en cours sur le druidisme et le catholicisme, "un petit bouquin à l'usage des prêtres qui ont perdu la foi et sont défroqués ou non", fournissant des arguments publicitaires et expliquant qu’avec de tels thèmes, dont la virginité de la Vierge Marie ou un Christ Charpentier fabriquant sa propre croix, il se fait propagandiste "pour pousser des écrivains novateurs à se faire auteurs catholiques, des auteurs qui seront les artisans d'une ‘littérature chrétienne rajeunie’". Il est également question d’illustrations, s’excusant de lui faire parvenir des linos "tout dégueulasses", de détails prosaïques sur leur menu du soir, châtaignes et cidre, ou sur la quête des conscrits, citant certaines connaissances à qui adresser des bulletins de souscription dont le baron Emmanuel d’Hooghworst, en Belgique. N’étant pas lui-même illustrateur, il suggère qu’un autre artiste le caricature, en moine guerrier par exemple ou en Don Quichotte. Il lui envoie une photo où il pose avec sa femme et sa fille, tenant un tableau qu’il a peint en collaboration avec une amie, professeur au collège moderne de Fontenay-le-Comte, et dont le cadre est d’un certain Nénesse Mandin, natif de Sainte-Florence. "Le poète Marcel Chabot (bourgeois rouge) a dit qu'il n'y avait pas à chercher des idées dans Hippobosque au bocage. Parce qu'il n'y en a pas, mais qu’il y a des trouvailles. […] Je suis sans nouvelles de Gallimard qui ne m'a pas encore ‘convoqué’ pour le service de presse de mon livre et je ne dispose pas encore d'exemplaires. C'est même incidemment que j'ai appris qu'il se vendait 595 francs. Il est vrai que j'ignore encore combien tu vas demander de mon livre de contes. […] Je ne sais si la presse a déjà parlé d’Hippobosque au bocage, je pense entreprendre une sorte de campagne pour mettre en garde le reste du pays contre la Vendée-des-catholiques-de-hautes-fantaisies et des laïcs-d'opérette qui en effet ameutent bien malencontreusement, un tas de braves gens qui a distance ne peuvent faire le point et qui se laissent influencer par des propos inconsidérés".
D’origine slovène, Frédéric Vladimir Kaucic (1921-2006) choisit le pseudonyme de Jean Vodaine lorsqu’il publia un premier recueil poétique, Rose et noir, en 1947, année où il achète une presse à bras et se fait imprimeur à Basse-Yutz (Moselle), publiant la plupart des tenants de l’art brut (Jules Mougin, Chaissac, Jakovsky, Dubuffet, Queneau) mais aussi Norge, Franz Hellens, Ben, Joseph Delteil ou Roger Rabiniaux. Il fut également peintre et graveur.
Une lettre à Michel Tapié, 26 avril 1950. Chaissac parle d’une série de romans policiers qu’il a entrepris pour la série noire des éditions Gallimard, du livre d’un nommé "Jean d’Accroupis" : "une petite histoire quasi édifiante et c'est bien marrant quand on connaît cet auteur qui fornique avec des brebis égarées et a un faible pour les moins galeuses. Il aurait même commencé avec des ânesses, puis des oies". Et à propos d’oie, il évoque un hôtel de Sainte-Florence où Napoléon Ier aurait dormi et dont le décor conviendrait à un lupanar, ironisant sur la fermeture des maisons closes. "Quand on pense que l'État fit état de réglementer la prostitution et amena celle des bas étages (composée de Marie-Couche-Toi-là sans science) en négligeant d'ouvrir un institut pour former des poules bien chouettes et sachant leur métier sur le bout du doigt. C'est bien triste ces pauvres femmes, faire ça sans savoir, comme des manœuvres. Alors que les gens de métier ont tant de plaisir à travailler".
Une lettre à de chers amis [Jean et Lili Dubuffet ?]. Chaissac donne des nouvelles de ses lectures (La Logeuse de Dostoïevski), de sa collaboration à la revue Moisson dirigée Christian Dutilleul à Roubaix, de quelques grands tableaux qu’il vient de faire mais "qui me sont du reste restés pour compte", d’un scénario sur le mariage d'un conseiller municipal avec une femme qui n'a que douze ans comme âge mental. "Tout ce que je peux dire à ma femme lui casse les pieds et elle me demande de lui foutre la paix. J'écris de nouveau des contes comme voici 16 ou 20 ans. Je viens de remettre la main sur un vieux journal où est publié une lettre de Victor Brauner sur Picasso. Cette année, les feuilles n'ont pas oublié de jaunir, mais les girolles et trompettes de la mort l’ont de pousser. […] J'apprécie fort vos cartes d'invitation pour dessiner au dos et regrette que vous ne m'en envoyiez qu'une à la fois. Je ne sais si mon œuvre peinte est déroutée ou comme un poisson dans l'eau dans le grenier où j'ai dû monter la remiser et où la gente souris mangent mes manuscrits et jusqu'à mon exemplaire de la n.r.f du 1er mai 59, où j'ai collaboré avec une chronique dans laquelle je mentionne les poètes Francisco Lopez Terradas dont le véritable prénom serait Isidore, et Florette Morand dont la librairie de l'escalier a réédité la chanson de sa savane". Et il cite plusieurs vers d’un poème de Lopez-Terradas.
2 lettres à une chère amie [Lili Dubuffet ?]. La première évoque un "coléra [sic] intestinal épidémique" et ses totems. "Ces totems sont votre dada comme le mien sont les chevaux. Mes totems sont plus sous séquestre, mais planqués, et je n'en donnerai qu'en échange de chevaux. Ekstrom n'a pas compris qui j'étais. Je n'en suis plus au stade de la peur et je veux m'établir gentleman farmer, être de la gentry et je porte déjà la culotte de cheval dans laquelle je suis peu à l'aise mais ça vous pose". La seconde lettre concerne sa correspondance avec le galeriste Michel Warren.
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