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Dubuffet, Jean

15 lettres autographes ou tapuscrites, signées, à différents amis dont Joë Bousquet.

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June 19, 01:21 PM GMT

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2,000 - 3,000 EUR

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Lot Details

Description

Dubuffet, Jean

15 lettres signées à divers amis dont Joë Bousquet.

[1944]-1953, et sans date.


19 pages in-4 ou in-8 (270 x 210 à 97 x 149 mm), une carte postale illustrée avec adresse, une enveloppe.

Lettres autographes et tapuscrites.


Ensemble de lettres amicales, où il question des expositions de Dubuffet, dont la première marquante à la galerie René Drouin en octobre 1944, du portrait qu'il réalisa de Joë Bousquet, d'un séjour dans le Sahara, de ses relations avec Jean Paulhan, etc.


Quatre lettres à Joë Bousquet.

Lundi 8 octobre [1945]. "Que j'aime votre mythe – insistant – du diamant ailé et de la fumerolle. […] Faisons de l'art fumerolle de la poésie fumerolle ! Pour moi aussi, notre rencontre est très importante et très importantes votre pensée, vos chasses et entreprises. Elles me passionnent au plus haut point. Je les ingère et digère avidement. Grande joie me donne notre liaison, votre si généreuse amitié". Il parle de sa recherche de pierres sculptées anciennes, de dessins, d’illustrations pour les textes de Francis Ponge, du carcassonnais Ferdinand Alquié.

Vendredi 18. Il lui adresse quelques lignes avant de partir pour Nice ou sa femme et lui passeront huit jours au soleil de la Méditerranée.

Lundi soir, Pentecôte. À propos du tintamarre provoqué par son exposition [à la galerie René Drouin, au printemps 1946]. Il parle du cahier des signatures "couvert de grossièretés", d’un policier en armes devant veiller sur ses tableaux : "On en a tout de même abîmé cinq". Et toujours il s’émerveille de leur amitié, des choses subtiles et ailées que Bousquet a écrit sur ses travaux. Et de sa main, en post-scriptum, il ajoute : "J'ai entrepris de peindre de grands immeubles parisiens. J'ai du mal comme Don Quichotte avec ses moulins. Voir si j'arrive à attacher par le nez ces grandes bêtes là. Peut-être bien qu'ils ne se laisseront pas faire".

Dimanche [janvier 1947]. Après sa visite à Carcassonne. Il garde un vif souvenir des deux jours passés au chevet du poète : "mer blanche de linge de literie, long bruit de mer de votre discours continu et si passionnant. Le travail de mes portraits, tous ces mois derniers, m'a fortifié dans mon sentiment de l'analogie entre les lieux et les personnes". Et il se livre à une longue comparaison entre l'Auvergne et Bousquet : "On prétend que l'Auvergne ce n'est pas un être, que c'est un monde ; eh bien un homme aussi, c'est un monde et aussi mouvant et changeant et aussi lié et frangé et tenant à tout par ses bords et renfermant, comme l'Auvergne, bien des divers lieux, de manière qu'on ne peut l'embrasser du regard, mais qu'il faut voyager dedans sans fin. C'est que c'est grand, un homme !". Il est assez content du portrait, maintes fois remanié et recommencé, qu’il a fait de Bousquet. S’il a beaucoup parlé de lui avec Paulhan, Cingria, Artaud, Jouhandeau ou Bertelé, il regrette de n'avoir pas pu passer plus de temps avec Hans Bellmer.


La correspondance entre Jean Dubuffet et Joë Bousquet témoigne d’un dialogue autour de la souffrance, de la marginalité et de la création en dehors des normes. Dubuffet admirait la pensée mystique et radicale de Bousquet, reclus à Carcassonne après avoir été paralysé pendant la guerre, y voyant une forme d’authenticité proche de sa propre recherche de l’art brut.


Deux lettres au peintre suisse René Auberjonois.

Paris 7 décembre 1952. Vœux de bon Noël et de bonne année sur une carte postale illustrée d’une de ses peintures, Le Violoniste (datée de l’été 1952).

Paris, 19 décembre 1952. Longue lettre de justification sur ses emportements et ses colères, "Mais c'est le plus souvent la fausse amitié qui se manifeste par des propos de crème et de miel et la vraie". Il règle ses comptes avec Jean Paulhan dont il n’apprécie guère la considération pour les médailles et les dignités, pas plus qu'il n'aime son comportement d’homme de cour, si opposé à ce qu’il est, lui. Et il avoue également être parfois mal à l’aise avec certaines façons d’Auberjonois, mais cela n’enlève rien à son estime, sa confiance et son affection. Il serait d’ailleurs ravi de le revoir et de lui montrer ses peintures récentes.


Six lettres à Maurice Auberjonois, fils du précédent.

Dimanche 6 août [1944]. Il explique le retard dans sa correspondance par "une grêle de visite provoquée par ce mouvement d'engouement qui s'est constitué à propos de mes modestes travaux. Et avec ce que cela comporte, de nouvelles connaissances, de nouvelles amitiés, certaines très chaleureuses (il y a des haines non moins nombreuses et non moins chaleureuses aussi) et tout le branle-bas de rendez-vous, de téléphonages et de lettres que cela entraîne. Un article monstre dans Comoedia a solidement dressé contre moi tous les peintres de Paris et a fait de moi le héro [sic] du jour".

Dimanche 18 février [1945]. Félicitations au moment de la naissance de la fille de son ami. "Quand la guerre va finir et que vous allez ranger vos charrues et vos fourches et vous mettre en route vers Paris, vers une nouvelle vie pleine de sollicitations et d'attrait. […] Tout cela est plein de joie et de réussite". Il donne des nouvelles de Charles-Albert Cingria et de Fernand [Auberjonois, frère de Maurice] qui a publié dans les Lettres Françaises "de vastes détaillés descriptions des atrocités des Allemands en France pendant qu'il était absent, j'applaudis grandement à cela (pas aux atrocités, bien sûr, vous me comprenez)". De son côté, il fait des lithos et diverses petites "écrivasseries", préparant pour le mois d’avril une exposition d'une soixantaine de lithographies à la galerie André, tenue par la femme d'Henri Michaux.

El Golea, mercredi 28 janvier [1948]. Il donne des nouvelles de son séjour dans le Sahara et du froid qui y règne, passant ses journées à travailler dans le logement qu'on lui a prêté. Ils sont allés à Tamanrasset dans le Hoggar, puis revenus à El Golea "à coups de pannes et d'accidents et de nuits passées à camper en plein air par temps très froid". Il envoie son amitié à Audiberti.

Jeudi 29 mai et Dimanche 1er juin. Deux lettres évoquant un voyage avec Jean Paulhan, à Nîmes et en Camargue au moment de la fête des gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer. "Tout cela, c'est très extraordinaire, mais moi, c'est plutôt les choses très ordinaires que j'aime". Il fait allusion à une "boutique" qui ne marche pas bien et qui va être vendue [probablement le commerce de vins en gros qu'il avait fondé à Bercy, puis mis en gérance, et dont son ami possédait des actions].

Jeudi 24 février. Propos sur l’art et l’impossibilité de formuler des règles. "Tout est loisible, pourvu que l'œuvre d'art communique une émotion, un enchantement, une exaltation. Point d'autre règle : sommes-nous d'accord ?" Il s'occupe d’une prochaine exposition qui aura lieu probablement à la galerie Drouin, place Vendôme : "Ça va être amusant, je m'occupe d'une petite affiche en couleur, d'un catalogue invitation illustré".


À son cher Duprat. New York, 3 février 1952.

Attristé des mauvaises nouvelles que lui donne son ami, il ne sait quoi faire pour lui, étant à New York. "Si j'étais encore bien avec Paulhan, je vous aurais envoyé à lui. Mais je n'ai plus de rapports avec cet ennuyeux haut dignitaire des fausses lettres et faux arts. Michel Tapié pourrait peut-être vous mettre en rapport avec lui".


Au peintre André Bourdil. Paris, 22 août 1953.

Amical billet évoquant un message qui va être remis à son correspondant, message écrit par Mme Bourdil "lors d'une réunion à plusieurs, autour d'une table d'une buvette en plein air, au petit casino de Gréoulx [Gréoux-les-Bains]".


À un "cher Monsieur", ami de Cingria. Paris 6 avril.

À propos d’une lettre que son correspondant, ami commun de Charles-Albert Cingria et du vieux Max Jacob, souhaite transmettre à Mme Dagobert. La commission va pouvoir être honorée grâce à l'intervention de Pierre Michel Frenkel.