Lettres concernant Céline, dont 2 à Daragnès. [Joint : ] Lettre de Céline à Daragnès et autres lettres.
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Description
Dubuffet, Jean
2 lettres signées à Jean-Gabriel Daragnès.
Paris 21 mai et 29 mai 1950.
2 pages in-4 (270 x 210 mm).
Sur la création d’un groupement destiné à recueillir des fonds pour aider Céline, peu de temps avant son retour en France.
Avec une lettre de Céline à Dubuffet et d'autres lettres.
Céline était la seule véritable admiration littéraire de Dubuffet, qui le relisait souvent et qui collectionnait ses œuvres.
Il attend une liste de noms que doit lui communiquer Maurice Lemaître "à commencer par ces riches juifs qui avaient accepté de fonder avec lui cette société d’Israélites amis de Céline lors du procès (mais qui avaient ensuite fait vivement marche arrière sitôt que ‘Combat’ avait ébruité l’affaire et publié leurs noms)". Lemaître lui a également indiqué les éditeurs Pierre Monnier et Henri Cipriani "occupé actuellement à l’édition d’un nouveau livre de Parraz [sic] qui est tout rempli de lettres de Céline".
Ayant déjà reçu l’apport du dr Bécart – par chèque libellé à son ordre – Dubuffet s’interroge sur une possible réaction de fierté ou d’entêtement de Céline. "Est-ce que vous ne croyez pas que ce serait bon tout de même de rendre compte à Céline nettement de ce projet de groupement et obtenir son acquiescement ? Et ensuite alerter les gens et recueillir leurs contributions ?"
Maurice Lemaître, défenseur inconditionnel de Céline, avait lancé avant le procès par contumace de février 1950, une enquête titrée : "Que pensez-vous du procès Céline ?" Dubuffet y avait répondu en défendant la liberté d’opinion, jugeant affligeant l’exil forcé de l’écrivain et plaidant pour l’absolution complète d’un des plus grands artistes, "un des plus fiers et incorruptibles types de chez nous" (Le Libertaire, 13 janvier 1950].
En avril 1953, Dubuffet annonça la création d'un "Comité d’amateurs des écrits de Céline" pour venir en aide à l'écrivain, en publiant dans la Quinzaine littéraire : "Louis-Ferdinand Céline est peut-être le plus grand écrivain français de notre époque. Les persécutions, l’exil, les iniquités dont il a été victime l’ont rendu gravement malade et l’ont ruiné. D’une fierté inébranlable, il refuse tout espèce de "charité". Or, sa situation est telle qu’il est pratiquement dépourvu de moyens d’existence."
[On joint :]
CÉLINE, Louis Ferdinand. Lettre autographe signée à Daragnès, le 13 [février 1950 ?] (2 pages petit in-folio, 337 x 209 mm).
Il le charge de remercier Dubuffet et évoque un transfert de fonds, puis donne des nouvelles de Lucette qui va être opérée à Copenhague. "De mon affaire pénale aucune nouvelle de Naud".
DUBUFFET, Jean. Copies de deux lettres à Maurice Lemaître, 13 et 29 mai 1950 (1 p. in-4 chacune).
La première présente le projet de ce petit "syndicat" en faveur de Céline (avec deux noms ajoutés à la main, dans une marge, ceux de Frédéric Chambriand et Pierre Monnier), et la seconde dressant une liste d’une dizaine de noms communiqués par Lemaître.
DUBUFFET, Jean. 2 lettres autographes signées à Robert Dauchez, 24 avril 1967 et 22 juillet 1978.
Dubuffet remarque une certaine similitude entre ses propres livres et ceux de Céline : "la même humeur anti culturelle et le désir de retrouver un art directement fonctionnel sans recours aux liturgies esthétiques traditionnelles de mauvais aloi. […] J’ai bien connu Céline et entretenu un moment avec lui des rapports amicaux assidus. J’avais pour lui et j’ai bien sûr conservé – grande estime et admiration".
Sur Céline et Dubuffet, on pourra lire notamment cet extrait d'un article de Michel Ragon :
"Dubuffet n’avait qu’une seule vraie admiration littéraire : Céline. Dans sa bibliothèque, tout Céline, dans l’édition blanche de Gallimard. L’École des cadavres a été si souvent relu que le livre est en miettes. Dans ses cahiers de Notes de lecture, il mentionne qu’il a relu, d’août à novembre 1982, Mort à crédit et Nord. En juillet 1984, quelques jours avant sa mort, sa dernière lecture sera pour Céline. Il reprend Nord, qu’il aime tant.
Ces lectures tardives de Céline sont des relectures. Car Dubuffet a toujours voué à Céline un véritable culte. Si bien, que lors de l’exil de Céline au Danemark, Gaston Gallimard et Jean Paulhan avaient demandé à Dubuffet de leur servir d’intermédiaire pour amener l’écrivain proscrit à signer un contrat d’édition. Dubuffet refusa de jouer ce rôle, mais proposa à Céline de l’aider matériellement. Comme Céline refusa, Dubuffet détourna le problème en lui achetant un manuscrit, dont il fit cadeau à un ami.
En 1950, lors du procès Céline à Paris, Jean Dubuffet s’empressa d’apporter son soutien à l’écrivain. Mais c’est seulement en 1952 que Dubuffet se rendit à Meudon et que les deux hommes se rencontrèrent pour la première fois. L’enthousiasme et même le dévouement que Dubuffet ne cessa de porter à Céline (il lui servait de chauffeur, lui faisait ses courses, rapporte François Gibault dans sa biographie) ne fut guère payé de retour. Céline vint bien visiter Dubuffet dans son atelier de la rue Vaugirard mais n’y resta guère qu’un quart d’heure ; il fut aussi l’un des quatre seuls visiteurs qui répondirent à l’invitation de Dubuffet pour son exposition de quarante-huit tableaux, à Paris, en 1952. L’aspect monochrome de ces peintures, leur dénuement, leur pauvreté, leur obsession de l’identique, cette pâte terne et sans séduction, montrait des analogies évidentes avec l’écriture de Céline. Celui-ci n’a rien dit, rien écrit à propos de Dubuffet. Il existait bien une volumineuse correspondance entre les deux hommes, mais celle-ci a été détruite ¹.
En 1965, dans le numéro 6 des Cahiers de l’Herne consacré à Céline, Dubuffet a écrit sept superbes pages : "Je tiens Céline pour un génial inventeur, un poète... d’ampleur considérable, pas seulement à mes yeux le plus important de notre temps, mais de plusieurs siècles qui forment les temps modernes, une des plus grandes charnières de l’histoire de l’écrire."
Rêvons de Dubuffet illustrant le Voyage au bout de la nuit, ou plutôt d’une confrontation entre l’œuvre peinte et l’œuvre écrite de ces deux singuliers créateurs. Seulement, pour nous consoler, une couverture, celle du Voyage illustrée par le Mur avec passant I, de Dubuffet" (Michel Ragon, "Jean Dubuffet : non-lieux ", paru Le Magazine littéraire, juillet-août 1990, cité en ligne : http://louisferdinandceline.free.fr/indexthe/dubuffet/ragon.htm ).
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