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Circumnavigation & Varia (lots 101 à 120)

[Marine] — Charles-Alfred Dutuit

Campagne en Espagne, Portugal et aux côtes d'Afrique… [Et :] Campagne à la Guyane et aux Antilles françaises… Manuscrit autographe signé, 1823-1824 et 1826, par un officier d'infanterie de la Marine.

Lot closes

November 20, 01:15 PM GMT

Estimate

2,000 - 3,000 EUR

Starting Bid

1,000 EUR

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Lot Details

Description

[Marine] Charles-Alfred Dutuit

Campagne en Espagne, Portugal et aux côtes d'Afrique… [Et :] Campagne à la Guyane et aux Antilles françaises Manuscrit autographe signé.

1823-1824 et 1826.

 

105 pages en un volume in-12 (178 x 105 mm). Chagrin brun, dos à nerfs titré, tranches dorées (Reliure de l’époque).

  

Récit de deux campagnes par un sous-officier du 1er régiment d'infanterie de la Marine. La première est menée lors de l’expédition d’Espagne et la seconde dans les colonies guyanaises et antillaises.

 

Où il est notamment question de la traite négrière.

 

I. Campagne en Espagne, Portugal et aux côtes d'Afrique du vaisseau le Centaure. Années 1823-1824.

Le nommé Dutuit débute cette première campagne comme caporal de grenadiers – il quittera le service avec le grade de sergent-major – embarquant à bord du Centaure, vaisseau "destiné aux expéditions navales […] pour le blocus des ports d'Espagne et pour la protection de notre commerce". Dans une note préliminaire, il explique qu'il rédige ce journal à l'intention d’une tendre amie, omettant volontairement incidents et opérations militaires, le présentant davantage comme un essai romantique plutôt qu’un précis historique.

Le Centaure, commandé par le contre-amiral Jean Julien Angot des Rotours, appareille de Brest le 27 avril 1823 pour rejoindre Cadix au moment de l’expédition d’Espagne. L’auteur décrit les navires croisés, les côtes et les ports (Cadix, Algésiras, Tanger, Lisbonne, Madère, Barcelone entre autres) ; il rapporte les missions de surveillance et de sécurité confiées au baron des Rotours. Il est question de la prise du fort Santi Petri à laquelle prit part le Centaure, rebaptisé à cette occasion Santi Petri par ordonnance royale, de la capitulation de Cadix le 3 octobre 1823 et du rétablissement du roi Ferdinand VII, Dutuit qualifiant ces événements de guerre de pacification : "Les Français au lieu de trouver un terrain défendu pied à pied trouvèrent la plupart du tems des bras tendus vers eux et n'entendirent que les cris de Vive les libérateurs". Cette première campagne s’achève en novembre 1824, au retour dans la rade de Toulon.

 

II. Campagne à la Guyane et aux Antilles françaises, anglaises et danoises, à Terre-Neuve et en Espagne, de la frégate de 64 la Surveillante.

Charles Dutuit, malheureux en amour, a décidé d’oublier ses serments de ne pas reprendre la mer et dédie cette fois son récit à un ami prénommé Ernest. Après une brève campagne de 10 mois sur les côtes françaises, il embarque sur la Surveillante, comme capitaine d'armes le 13 janvier 1826, à destination de Cayenne et des Antilles. Il livre quelques détails sur la frégate et son équipage, évoque la cérémonie "burlesque" du passage du Tropique au cours duquel, par une offrande de quelques pièces de monnaie, il évite le déluge d’eau promis. Il arrive à Cayenne à la mi-février où le navire reçoit plusieurs visites dont celles de marchands à la sauvette. C’est l’occasion pour lui de raconter le destin d’une ancienne esclave, vendant depuis des temps immémoriaux "des fruits, du tabac et du mâbi, boisson rafraîchissante et qui n'est pas pernicieuse aux Européens. Il n'est pas un vieil officier de marine ou un ancien marin qui ne connaisse cette négresse. Jeune, elle accorda ses faveurs à de simples aspirants qu'elle revoit maintenant officiers-généraux, et elle conserve avec eux une liberté familière qui excite l’hilarité générale. Beaucoup de nos marins lui doivent la vie. Ces seins en ont préservé beaucoup du fléau de la fièvre jaune. Enfin, chose admirable, cette brave femme, par son honnête industrie, est parvenue à acheter sa liberté et celle de trois ou quatre enfants. Elle est sortie de l'esclavage et vit maintenant exempte de soucis et entourée des bénédictions de sa famille". La frégate rejoint ensuite la Guadeloupe puis la Martinique, mouillant à Fort-Royal [Fort-de-France] puis à Saint-Pierre, ville commerçante dont plusieurs magasins pourraient rivaliser avec ceux de la capitale. "Les maisons sont mieux construites qu’à Port-Royal. La plupart sont à l'européenne. Plusieurs églises sont jolies. Il y a une salle de spectacle. Les rues sont partagées par un large ruisseau où coule toujours une eau limpide. Il y a quelques promenades assez jolies. Beaucoup de Français sont habitants, la plupart des femmes, même les créoles y sont charmantes, leur toilette est du dernier goût, elles suivent les modes de Paris. Les colons sont d'un orgueil insurmontable. Ils se croient les premiers peuples de l'univers et regardent presque avec mépris les Européens. Ils sont braves, et la Martinique s’honore d'avoir donné le jour à Madame de Lapagerie, mère de l'Impératrice Joséphine".

Se trouvant toujours à Saint-Pierre en janvier 1827, l’auteur du manuscrit livre de curieuses observations sur une vingtaine d’esclaves africains que la Surveillante garde à son bord pendant quelques jours : "Ils provenaient de la frégate la Nymphe qui, dans une croisière, avait capturé un bâtiment qui venait de la traite et en avait 300. Ces nègres nous furent amenés dans un état de nudité complet. Et nous les examinâmes avec la plus grande curiosité. Nous pûmes distinguer qu'ils n'étaient pas habitants des mêmes contrées de l'Afrique. Plusieurs étaient nés sur les côtes de la Guinée, les autres en Nigritie [terme désignant alors les zones sahélienne et soudanaise actuelles]. Ces derniers paraissaient sombres et farouches. Ils étaient plus robustes que ceux de la Guinée et aussi beaucoup plus méchants. Leur langage était également différent. Par l'intelligence et les démonstrations des habitants de la Guinée nous apprîmes qu'ils étaient ennemis, se faisaient continuellement la guerre, et que les Nigritiens mangeaient leurs prisonniers". Est ensuite raconté comment un des Guinéens, surnommé César par l’équipage, prit un rôle de chef dans la distribution des vivres. "C'est alors, avides de curiosité, que nous pûmes jouir d'un spectacle tout à fait nouveau et bien original. On avait remis à César deux ou trois pains, un gros morceau de fromage et du vin dans un bidon. Nous le vîmes commencer par compter le nombre des individus et aller les mesurer de l'œil. Ensuite, il coupa le pain et le fromage par des portions peu égales et quel fut notre étonnement quand il les distribua, selon la force physique des hommes. […] César avait eu préalablement soin de se donner la plus forte part et il mangeait avec un appétit étonnant. Le vin parut produire sur eux un effet qui tenait de la magie. Ils se frottaient la poitrine et leurs yeux étincelaient de plaisir. Nous vîmes souvent se renouveler ces scènes de plaisir, mais quelques jours après […] ils troublèrent notre sécurité et l'un d'eux commis un crime qui les fit bientôt mettre à terre dans la colonie".


Quelques mois plus tard, la frégate repart pour la France, et Dutuit se réjouit de quitter la Martinique avant les mois d’hivernage, saisons des ouragans, de la fièvre jaune et de la dysenterie. Le 2 octobre, c’est le retour en rade de Brest.

"Ainsi se termina une campagne qui avait pour but de faire respecter le commerce de notre pavillon dans les mers des deux mondes et d’essayer les qualités de la frégate La Surveillante qui a fait l'admiration des Américains qui jusqu'à présent pour la construction de ces bâtiments, avaient eu une grande supériorité sur nous".

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