Boulainvilliers, Henri, comte de

Boulainvilliers, Henri, comte de

Abrégé des jugements astrologiques sur les nativités.

Manuscrit.

[Début XVIII^e siècle].

546 pages foliotées, 12 et 15 feuillets blancs liminaires, en un volume in-4 (234 x 210 mm). Veau marbré de l’époque, double filet à froid d’encadrement, dos à nerfs orné, pièce de titre de maroquin rouge, tranches et contreplats marbrés (Reliure du XVIII^e siècle).

Important manuscrit rédigé au tout début des Lumières, alors que l’astrologie est encore une pratique acceptée par une certaine élite intellectuelle.

Penseur et auteur prolifique, Henri de Boulainvilliers (1658-1722) s’intéressa à de multiples domaines : politique, religion, histoire antique et contemporaine, philosophie (il fut un des premiers traducteurs de L’Éthique de Spinoza) et, comme ce manuscrit en témoigne, astrologie.

Si la plupart des écrits de Boulainvilliers ne furent pas imprimés de son vivant, ils circulèrent sous forme manuscrite, comme ce traité d'astrologie dont quelques copies sont parvenues jusqu’à aujourd’hui. Il a été édité en 1947, d’après une copie datant de 1717, aux Éditions du Nouvel Humanisme.

Reprenant le titre d’un ouvrage du médecin et astrologue Auger Ferrier, paru en 1550, Boulainvilliers se propose de remédier aux deux défauts qu’on trouve généralement selon lui dans les livres d’astrologie : l’obscurité et la multiplicité des préceptes joints à la difficulté d’en faire l’explication. Il divise donc son traité en trois parties : la première présente les règles et les préceptes astrologiques "de tous les auteurs", la seconde tente de réduire le nombre de ces préceptes ; enfin, la dernière partie est consacrée aux mouvements et révolutions du soleil, de la lune et des planètes.

Si Boulainvilliers considère l’astrologie comme la science "la plus haute, la plus étendue et la plus utile que l’esprit humain puisse se proposer", il met cependant en garde contre les règles générales formées sur des observations particulières et surtout contre toute prédiction d’événements futurs. Pour prouver la prédétermination par la position des astres au moment de la naissance d’un individu, Boulainvilliers étudie leur influence sur le tempérament, la forme du corps, les infirmités naturelles, les mœurs, l’étendue de l’esprit, ses capacités ou ses infirmités, les passions secrètes, les débauches, les richesses ou les chutes de fortune, les dignités, l’usage des plaisirs, le mariage (celui d’Anne d’Autriche qui n’a procuré que mécontentement et peine par exemple), la famille, l’amitié, les voyages, les professions, les ennemis, les maladies, la constance religieuse, etc. Plusieurs sections concernent la mort, selon qu’elle est naturelle, violente, "judiciaire", soudaine, par pendaison, par l’épée, par opération chirurgicale…

Il illustre sa démonstration par une multitude d’exemples, prouvant selon lui la corrélation entre position des planètes et événements, entre jour de naissance et destinée, citant de grandes figures historiques, du XIV^e siècle à la fin du XVII^e siècle, du roi Jean II dit le Bon à sa propre naissance, le 21 octobre 1658 (p. 164).

Pour étayer le chapitre sur les capacités de l’esprit, il évoque Mazarin, Marie de Médicis pour le chapitre sur les richesses, Tamerlan ou Cromwell pour les dignités, Charles VI le seul roi "insensé" qu’a connu la France pour les infirmités de l’esprit, les relations entre Marie de Médicis et Richelieu pour les ennemis et accidents de fortune ou enfin Luther illustrant la constance en religion !

La plupart des dates, naissances ou événements, sont inscrites dans les marges.