
Amériques (lots 196 à 249)
Journal particulier d'une campagne aux Indes occidentales. Manuscrit illustré de 8 dessins, relatant les préparatifs d'une expédition navale lors de la guerre d'Indépendance des États-Unis.
Lot closes
November 20, 03:06 PM GMT
Estimate
4,000 - 6,000 EUR
Starting Bid
3,000 EUR
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Description
Du Perron, Joachim, comte de Revel
Journal particulier d'une campagne aux Indes occidentales.
Manuscrit autographe.
[Vers 1785].
In-folio (467 x 319 mm). Deux parties distinctes de 8 et 30 pages, encre sur papier, numérotées et séparées par deux feuillets blancs, à l’encre brune sur feuillets réglés. Emboîtage moderne de maroquin bordeaux, titre doré.
Manuscrit, illustré de 8 dessins à la plume, relatant les préparatifs d’un régiment d’infanterie envoyé aux Antilles et en Amérique pendant la guerre d’Indépendance, en mars 1781.
Manuscrit de travail et mise au net des deux premiers chapitres de ce qui constituera la Journal particulier d’une campagne aux Indes occidentales (1781-1782), paru en 1898.
La première partie de ce récit relate le déplacement du régiment où Du Perron sert comme sous-lieutenant.
Parti de Besançon le 20 mai 1780 et arrivé au Conquet le 28 juin suivant, le régiment est chargé de la défense du littoral et de la construction de nouveaux forts autour de Brest. Cette partie s’achève avec l’ordre d’embarquement sur le Languedoc, vaisseau de 80 canons appartenant à l’escadre de l’amiral de Grasse, au début du mois d’octobre.
La seconde partie, titrée Journal de ma campagne aux Indes occidentales, reprend le même texte, en le remaniant quelque peu, et se poursuit avec la relation de la vie à bord du Languedoc, mouillé en rade de Brest pendant les mois d’hivernage. L’auteur livre force détails sur les aménagements et le quotidien de la troupe et des matelots, les relations parfois difficiles entre officiers et soldats.
Les conditions de couchage à bord sont illustrées par un petit dessin, non reproduit dans le texte édité, comparant le hamac de toile destiné aux matelots et celui des officiers, garni d’un cadre de bois et tenu par des cordes, bien meilleur et plus commode. Sont décrits la répartition des équipements, la qualité et la fréquence des repas, le système des permissions, les tours de garde, etc.
Plusieurs pages sont consacrées à la navigation elle-même, à la construction et aux caractéristiques du Languedoc et autres vaisseaux de guerre, avec des explications détaillées des termes de marine et des manœuvres qu’une escadre peut effectuer. Cette partie plus technique est accompagnée d’une grande rose des vents (f. 19) et de 6 croquis ou schémas.
Le manuscrit s’achève sur le récit de la visite du ministre de la Marine, M. de Castries, ministre de la Marine, arrivé à Brest à la mi-mars 1781 pour faire avancer l’expédition et l’armement. "On lui donna une fête a bord de la Ville de Paris, dont le principal ornement fut un simulacre de combat par tous les vaisseaux de la rade qui firent feu de toutes leurs batteries pendant un quart d'heure, et se dégréèrent en partie pour imiter le désordre des bâtiments maltraités dans une affaire. En un instant le soleil et tous les objets disparurent, la rade ne fut plus qu'un gouffre épais de feu et de fumée, le tintamarre affreux de deux mille canons brisoit les timpans des oreilles, le vaisseau sembloit s’entrouvrir par les violentes secousses et le frémissement que nous sentions sous les pieds ; enfin, au bout d’un quart d’heure, le feu ayant cessé, la fumée se dissipa et nous commençames à appercevoir les vaisseaux les plus près de nous".
Du Perron exprime parfois des sentiments plus personnels, que ce soit dans la présentation de son journal : "Enchaîné depuis dix ans parmi des sanguinaires instruments d’une authorité despotique, j’ai été transporté sous les zones étrangères pour y égorger méthodiquement mes semblables / d’autres fous de ma trempe ; revenu de ces climats destructeurs, et l’esprit encor rempli des événements qui s’y sont passés, je veux en retracer ici les détails, et les combinaisons". Ou encore lorsqu’il rapporte les relations, parfois difficiles avec certains officiers. "Ce serait ici le cas de faire une diatribe sur la malheureuse existence d'un officier d'infanterie à bord d'un vaisseau, mais comme elle seroit en pure perte et n'aboutiroit à rien, je me contente de former des vœux pour que le gouvernement, moins indifférent sur notre sort, daigne nous y rendre un peu de considération, ou veuille bien ne pas nous associer aux travaux d'un corps dont je respecte les talents et les prétentions, mais dont les prérogatives sont trop humiliantes pour nous".
La seconde version de ce manuscrit correspond au texte publié en 1898 qui ne présente que d’infimes variantes, notamment dans l’avant-dernier paragraphe où il est question de l’amiral de Grasse, nommé lieutenant-général des armées navales, arborant son pavillon sur La Ville de Paris.
7 des 8 dessins y sont exactement reproduits, à l’exception de la rose des vents dont certains détails ont été omis.
J. du Perron, comte de Revel. Journal particulier d’une campagne aux Indes occidentales (1781-1782). Avec cartes et croquis dans le texte. Paris, H. Charles-Lavauzelle, 1898. Disponible sur Gallica.
Lors de cette campagne, Joachim du Perron (1756-1814) participa à plusieurs combats en mer et à terre, notamment aux batailles de Chesapeake et de Yorktown, en septembre et octobre 1781 ou encore à celle de la Dominique, en avril 1782. Il revint en France au mois d’août suivant. Nommé capitaine, il siégea aux états généraux du Dauphiné en qualité de député de la noblesse, démissionnaire de l’armée en juillet 1789, il passa les années de la Révolution dans son domaine du Vergeron, en Isère.
"Il était homme d'études et distingué par son esprit, son instruction et ses manières. Atteint d'une fièvre pernicieuse, il mourut presque subitement le 17 octobre 1814 et fut inhumé à Moirans".
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