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Céline, Louis-Ferdinand Destouches

Important dossier sur la défense de Céline, accusé de collaboration. Envoi, lettre et tapuscrit signé, adressés à son ami Lucien Descaves de Copenhague en 1947.

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June 19, 12:41 PM GMT

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Lot Details

Description

Céline, Louis Ferdinand Destouches

Important dossier sur la défense de Céline : trois documents adressés à Lucien Descaves.

Copenhague, mars-septembre 1947.

 

14 pages montées sur onglets en un volume grand in-4 (330 x 255 mm). Maroquin noir encadré d’un filet au palladium, dos lisse titré " Documents Danemark", plats de balsa, tête dorée, étui (J.-P. Miguet).

 

Important dossier sur la défense de Céline, accusé de collaboration.


Emprisonné depuis deux ans au Danemark, Céline adresse à son ami et maître Lucien Descaves un souvenir du fait d’armes qui lui valut la médaille militaire en octobre 1914. Il lui envoie également le texte de sa défense en réponse au dossier des accusations portées contre lui.

 

Envoi autographe signé, au verso d’une reproduction de la gravure parue dans le n° 52 de L’Illustré national. Histoire anecdotique de la guerre européenne (décembre 1915), illustration originellement en couleur représentant le maréchal des logis Destouches en uniforme de cuirassier, galopant sous le feu ennemi pour porter un ordre. C’est à la suite de cette mission – pour laquelle il s’était porté volontaire – que Céline, blessé au bras, fut cité à l’ordre du jour, recevant la médaille militaire puis la croix de guerre avant d’être admis à la réforme définitive.

"De Copenhague

A mon maître affectionné Lucien Descaves

d’exil

le souvenir de la dernière armée française, celle qui n’était pas ‘secrète’, qui n’attendait pas que les allemands furent passés pour ‘résister’, qui se battait, gagnait, et n’attendait pas la ‘Libération’ de personne !

LF Celine".

 

Lettre autographe signée à de chers amis [Lucien Descaves et sa femme]. Copenhague 13 mars 1947 (2 pages in-4).

Il envoie le procès-verbal de l’accusation et ses réponses qu’il a fait parvenir à la justice française. "Les Danois m’auraient extradé si l'accusation avait apporté des preuves un peu sérieuses de ma trahison […] Deux ans d’instruction pour en arriver là… et de prison… c’est frivole ! Mais il s’agissait en réalité de monter un procès Dreyfus à l’envers, démontrer qu’un antisémite de mon renom ne pouvait être en même temps que traitre, vendu, dénonciateur, immonde, affreux, pourri sur toutes les coutures". Se moquant de l’épilepsie d’Aragon, Cassou et consorts, il dit s’être conformé au style "de gendarme" demandé dans ce type de documents. Ayant appris que Descaves allait habiter rue Michel-Ange, comme son père Lucien et se rapprocher ainsi du Grenier des Goncourt, iI ajoute qu’il aurait bien aimé, avant de crever, s’asseoir chez Lucien et Goncourt. "Il y a bien une place pour les martyrs chez les Goncourt ! Martyrs de la plume trop furieux ! C’est un titre".


─ Tapuscrit signé, avec trois corrections autographes et soulignements au crayon (10 pages in-4). Réponses aux accusations formulées contre moi par la Justice française au titre de trahison et reproduite par le Police Judiciaire danoise au cours de mes interrogatoires, 6 novembre 1946

Fameux plaidoyer de Céline rédigé en prison, envoyé en mars 1947 au Président de la Cour de Justice de la Seine, ainsi qu’à quelques journalistes et amis, dans lequel il se défend de tout acte de propagande, de collaboration ou d’antisémitisme, de n’avoir jamais pris position contre la Résistance et de ne pas s’être enfui, mais d’avoir voulu rejoindre le Danemark pour pouvoir travailler tranquillement. Il conclut :

"Que me veut-on finalement ? Quel est le sens de toutes ces furieuses attaques dont je suis l’objet ?

On veut, on cherche désespérément à me faire payer, expier mes livres d’avant guerre, mes succès de littérature et de polémique d’avant guerre. C’est tout. Il semble impossible, inimaginable à mes ennemis (tellement grand en est leur désir), que je me sois abstenu de tout collaboration. Cette abstention leur paraît monstrueuse, impensable. Il faut, pour leur fins, que j’aie collaboré. […] Certes, on aurait pu penser, vu mes livres, que j’allais devenir pour les Allemands le fanatique collaborateur, mais c’est tout le contraire qui s’est passé ! Or à coups de calomnies, mensonges, faux et inventions, transformer, esbrouffer, basculer, travestir un suspect en coupable, c’est le sport classique de toutes les Révolutions – le jeu mignon de tous les fanatismes. Utiliser les transes populaires pour faire décapiter l’adversaire jalousé, envié, détesté, le truc n’est pas d’hier. Cela s’appelle alors le châtiment. Ainsi furent ‘châtiés’ en France : Lavoisier, Champfort [sic], Chenier et cent autres – petits et grands".

 

Enveloppe autographe à l’adresse de Lucien Descaves à Senonches (Eure-et-Loire), affranchie à Copenhague le 3 septembre 1947 (montée en tête du volume).

Dauphin & Fouché, 46D1.


Amnistié par le Tribunal militaire de Paris en février 1951, Céline rentrera en France à l’été suivant, mais toujours sous le coup de la dégradation nationale.

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