Vive l'amnistie, Monsieur ! Manuscrit autographe signé, avec envoi à Jacques Lambert.
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June 19, 12:42 PM GMT
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Description
Céline, Louis Ferdinand Destouches
Vive l’amnistie, Monsieur ! Manuscrit autographe signé.
[1957].
19 pages in-4 (270 x 210 mm) sur autant de feuillets de papier crème, numérotés avec quelques ratures et corrections, au stylo bille bleu. Signé "LF Céline". Feuillets montés sur onglets en un volume in-4. Maroquin noir encadré d’un filet au palladium, dos lisse, titre doré en long, plats de balsa, tête dorée, étui (J.-P. Miguet, 1966).
Manuscrit complet, présentant quelques variantes avec le texte publié à titre posthume, d’un virulent article pour réclamer l’amnistie générale, Céline se considérant plus maltraité que n’importe quel petit Valaque giflé, sorcier cannibale ou titan des beaux-arts.
Envoi autographe signé, sur le dernier feuillet :
"À Mr J. Lambert
Bien cordialement
LF Céline".
Le destinataire de cet envoi pourrait-il être le libraire-éditeur Jacques-Olivier Fourcade, fondateur des éditions J. Lambert ? Ou bien le juriste Jacques Lambert (1901-1991), auteur d'ouvrages sur l'histoire du droit, les sciences politiques et la démographie ?
(Pour un autre envoi à Jacques Lambert, voir le lot 44).
Amnistié par le Tribunal militaire de Paris en février 1951, Céline est rentré en France à l’été suivant, mais toujours sous le coup de la dégradation nationale.
Après la publication de Féerie pour une autre fois, Normance, Entretiens avec le professeur Y, c’est D'un château l'autre en 1957, premier volume de la trilogie sur ses péripéties allemandes, qui lui assura un retour fracassant sur la scène littéraire, provoquant à nouveau la polémique, à droite comme à gauche.
Céline se présente en victime de l’épuration, se qualifiant de "résistant de Siegmarigen", critiquant la férocité de la France envers ses nationaux mais pleurant sur le sort des pauvres "polacks" [allusion à la loi d’amnistie polonaise votée en 1956 en faveur de certains prisonniers de guerre], égratignant le général de Gaulle qui n’a pas dû beaucoup souffrir, lui, de l’Occupation.
"Résistant par-ci… Résistant par là. […]
Les ‘Résistants de Sigmaringe n’ont pas existé, peut-être ? Je veux vexer personne, mais si je me compare à ceux qui se sont servis chez moi, fourgué le matériel et les murs, je me dis y a de l’abus ! Passons ! Passons ! Que l'Iniquité triomphe ! J’amnistie ! Mais alors nous aussi peut-être ? Résistants de Sigmaringen, pas pour rire, sérieux et de choc ! Qui qu’a été chez l'ennemi même, je demande, lui dire en plein pif ce qu'il pensait au monstre teuton, pas endormi, enchaîné, au moment de sa pire fureur, où toutes les armées du monde lui passaient à travers les tripes, dans les ouragans des phosphores ? Le monstre en pleine vivisection, à l’écartelerie membre par membre ? […] Que le grand Sauveur passe Président ! Il a gagné 27 millions avec ses Mémoires… moins que la Windsor mais quand même. Je le vois dans sa jolie demeure reprisant ses chaussettes... Il a pas beaucoup souffert de l'occupation. Il peut pas être trop aigri. […] Je vais pas tellement plaire à de Gaulle à le traiter si familièrement. La clownerie peut tourner très mal. […] Je ne parlerai pas de l’Algérie je ne parlerai pas de la ‘mère malade’, des enfants qui s’haïssent autour. De Gaulle sait tout cela, Mendès France aussi, ils savent mais ils se tiennent à carreau… Je pourrais me rendre à Rome ou chez Ben-Gourion ou au Pentagone… Nasser m'a l'air assez habile… J'irai n'importe où me faire traiter de n'importe quoi, j'ai l'habitude. À l'Huma, Rivarol, L'Express… Quand vous êtes devenu l'archi borné en quart anar vous avez plus qu'une petite idée. Autour c’est déjà toute la nuit… mais une petite calebombe la nuit tout en haut de la tour Eiffel, tout Paris la voit… le petit espoir…
- Vive la Grande Amnistie, Monsieur !"
Une version partielle de ce pamphlet parut dans le journal d’extrême-droite Rivarol, le 11 juillet 1957 avant que le texte intégral ne soit publié en pré-originale dans ce même journal, à titre posthume, en décembre 1962, édité un mois plus tard aux éditions Dynamo, sans accord des ayant-droits (voir infra).
Parmi les quelques variantes, on peut citer par exemple une allusion à des journaux de divers bords, L’Humanité, Rivarol [dont Lucien Rebatet, cité par Céline quelques lignes plus haut, fut l'un des collaborateurs à partir de 1958] et L’Express, dans lequel fut publiée le 14 juin 1957 une longue interview de l’écrivain par Madeleine Chapsal intitulée "Voyage au bout de la haine… avec Louis-Ferdinand Céline".
[On joint :]
Vive l’amnistie, Monsieur ! Liège, Éditions Dynamo Pierre Ælberts, [janvier] 1963.
In-12. Demi-maroquin noir, plats de balsa, couverture (Miguet).
Édition originale, publiée dans la collection Brimborions (n° 105), tirée à 51 exemplaires.
Un des 40 sur vélin astra blanc (n° 24), numéroté et paraphé par l’éditeur.
Titre orné d’un bois gravé de Max Elskamp.
Écrits polémiques, éd. établie par R. Tettamanzi, Québec, éditions Huit, 2012.
Dauphin & Fouché, 63 A1.
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