
XXe siècle (lots 58 à 98)
3 lettres au libraire George Leite. Los Angeles, 1944-1945. Relatives à sa collaboration au "Circle Magazine", revue fondée par Leite.
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November 20, 11:13 AM GMT
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Description
Man Ray
3 lettres signées à George Leite.
Hollywood 16 novembre 1944 - 7 juin 1945.
4 pages in-4 (280 x 215 et 277 x 213 mm). Dactylographiées, avec 5 petites corrections autographes ; en anglais.
Très intéressantes lettres concernant une éventuelle collaboration au Circle Magazine, revue lancée par le libraire George Leite et le poète Ben Porter en 1944.
- 16 novembre 1944. Il répond à la sollicitation de Leite en précisant que les mots ne sont pas son point fort et qu’il a toujours préféré l'image, plastique ou optique. Il s’explique longuement sur son art, sa pensée et ses rapports avec le cinéma, et plus particulièrement avec l’industrie cinématographique hollywoodienne, n’étant intéressé que par les réalisations d’un individu seul, un peintre par exemple, et évoquant ses années surréalistes à Paris.
"I want to keep my hands clean. I find Courbet so admirable because there is no trace in its work of the revolutionary turmoil in which he participed so effectively. […] For twenty years my studio in Paris was the center of a diversified activity. Moving-pictures, painting, photography branching out in new directions, contraptions dadaistic, surrealistic ".
À Paris comme en Amérique, on ne s'intéresse qu'à ceux qui sont approuvés par les marchands, les musées ou les éditeurs, et il ne songe donc qu’à s’amuser, sans prendre le temps de se mettre en avant et ayant refusé diverses propositions des studios hollywoodiens.
"I still have a feeling that an insignifiant static drawing, painting or photograph can outlive a million-dollar film. It is always accesible, and there is no risk involved in the making. Yes, for me the artist is the real economist, he takes no chance, if the result is incertain, or if the effort is out of all proportion to the result".
Il avoue être à Los Angeles pour le climat, pour le plaisir et pour perpétuer les créations que les "supers" aimeraient censurer ou détruire. "I, also, have the distinction of being classed among the ‘degenerate’ by the nazis".
- 16 décembre 1944. Leite souhaitant accepter sa contribution et utiliser les photos que Man Ray lui a envoyés, celui-ci demande à ce qu’elles soient reproduites avec le plus de contraste possible. Il suggère également de modifier la couverture dont le graphisme ne lui semble guère original et qui rappelle par trop le drapeau japonais selon lui. Il propose un carré rouge plutôt qu’un cercle ou bien de remplir toute la couverture avec une répétition du mot "Circle". "I’ve had quarrels with artistes like Sequeiros, Dali, Giacometti, because, consciously or not, the swastika symbol crept into their work. On of the worst things we can do to the fascists, is not to be inspired by their symbolism".
- 7 juin 1945. Leite n’ayant finalement pas utilisé ni son article ni ses photographies, Man Ray demande qu’on les lui renvoie, avouant être un enfant gâté. Il rappelle que le magazine View a accepté ses contributions sans même les avoir vues et que les magazines européens lui ont toujours réservé une place importante dans leurs pages. Il évoque un article sur le marquis de Sade qu’il comptait proposer à View, avant qu'il ne comprenne que sa documentation intéressait davantage le journal que sa propre prose. Comme le dit son ami le romancier Gilbert Neimman, il provoque les idées et incite à l’action et il représente sans doute un terrain de braconnage, gratuit. Il va donc suivre les volontés de Sade et laisser tomber : "I provoke ideas, I incite to action ! A free poaching ground, what ? Like Sade. The way I feel now, I am going to respect Sade’s last will and testament, help him to oblivion. Society does not yet deserve clarification. In any color ! Aside from the Surrealists who feel as I do, it seems that the pale pink and lavender gentry hope to find some justification in Sade’s writings. You see what I mean ?".
Enfin Man Ray refuse d’être crédité pour la photographie du peintre et sculpteur Knut Merrild [que Leite souhaite utiliser pour illustrer un article d’Henry Miller sur cet artiste], ne voulant pas perpétuer la légende selon laquelle il serait un portraitiste.
Cette photographie, datant du début des années 40, représente Merrild, fumant la pipe, maquillé et vêtu en femme.
Rentré en Amérique au début de la guerre, Man Ray débarqua à New York avant de s’installer à Los Angeles. Bien qu’ayant envisagé de partir à Tahiti, il résida en Californie plus de dix ans avant de revenir à Paris, en 1951.
[On joint :]
MAN RAY. Lettre dactylographiée signée au conservateur et historien d’art James Thrall Seby. Paris 21 avril 1954 (1 page in-4, enveloppe dactylographiée, avec erreur de date ; en anglais).
Man Ray évoque son nouveau studio, près de la place Saint-Sulpice, et une prochaine exposition à la galerie Furstenberg. S’interrogeant sur les œuvres de lui que Seby envisage de reproduire, il lui demande de ne pas utiliser "that much-(ab)used ‘Admiration of the Orchestrelle", ayant laissé à New York de nombreuses reproductions qu’il aurait pu proposer s’il en avait eu le temps. Il envoie, sur un feuillet séparé, quelques pensées "improvised or culled from my last catalog of my show in Beverly Hills in 1948 ; use what you like".
Excerpts from a letter. Extraits de lettres de Man Ray, dont celle du 16 novembre 1944 (dactylographie de 2 pages in-4, sur papier rose).
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