View full screen - View 1 of Lot 28. Voyage au bout de la nuit. Denoël et Steele, 1932. Un des 10 exemplaires HC sur Arches.  Envoi à Gaston Chérau, l'un des membres du jury qui refusa à Céline le Prix Goncourt..

Céline, Louis-Ferdinand

Voyage au bout de la nuit. Denoël et Steele, 1932. Un des 10 exemplaires HC sur Arches. Envoi à Gaston Chérau, l'un des membres du jury qui refusa à Céline le Prix Goncourt.

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June 19, 12:28 PM GMT

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40,000 - 60,000 EUR

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Lot Details

Description

Céline, Louis-Ferdinand

Voyage au bout de la nuit.

Paris, Denoël et Steele, 1932.

 

In-12 (185 x 115 mm). Maroquin noir à nerfs, titre doré, doublure de maroquin aubergine avec encadrement d’un filet doré, gardes de moire noire, tranches dorées, couverture et dos, étui(Georges Cretté).

 

Exemplaire sur Arches.


Envoi à Gaston Chérau, un des membres du jury du Prix Goncourt, qui refusa sa voix au Voyage.

 

Édition originale.

 

Un des [10] exemplaires hors commerce sur vergé d'Arches.

Les exemplaires de tête hors commerce sur Arches ne sont pas numérotés, mais une lettre de l’éditeur précise qu’ils furent tirés à 10 exemplaires : "Nous vous signalons que le Voyage au bout de la nuit a comporté un tirage hors-commerce sur Arches de dix exemplaires seulement. Ces exemplaires ont été réservés à l'auteur et aux collaborateurs de la maison ; peut-être deux ou trois ont-ils été envoyés à des critiques..." (Lettre à René Gaffé, Paris, 29 juillet 1933, voir Bibliothèque Marcel de Merre, Sotheby’s, 2007, lot 312).

 

Envoi autographe signé, à l’encre noire sur le faux-titre :

"A monsieur Gaston Cherau

dont nous avons essayé

de comprendre la leçon

Très respectueux hommage

Louis Celine".

 

Chérau contre le Prix Goncourt de Céline. Membre de l’Académie Goncourt depuis 1926, Gaston Chérau (1872-1937) fut de ceux qui votèrent contre le Voyage au bout de la nuit en 1932.

Cette élection fut mouvementée : son scandale laissa longtemps des traces dans le monde éditorial de l’époque.

Au terme de la première réunion du jury, le 30 novembre 1932, les suffrages semblèrent se rallier à Céline, laissant Gaston Chérau, Raoul Ponchon, Léon Hennique et Pol Neveux minoritaires. Le succès semblait à ce point acquis que Léon Daudet publia l’information et que Denoël fit imprimer un bandeau avec la mention "Prix Goncourt 1932". Cependant, un revirement inattendu apparut au moment des dernières délibérations, le 7 décembre : certains membres du jury changèrent d’avis se joignirent à l’avis de Gaston Chérau et de ses compères : le prix fut finalement attribué à Guy Mazeline pour Les Loups avec six voix contre trois pour Céline (celles de Lucien Descaves, Léon Daudet et Jean Ajalbert). J.-H. Rosny aîné, disposant de deux voix comme président, choisit Raymond de Rienzi. Ces changements, probablement dus à des considérations plus économiques que littéraires et à l’influence de Gallimard, ainsi que la défection de Rosny aîné, irritèrent Descaves. Furibond, le critique quitta l’Académie, pour rejoindre les membres du Prix Renaudot, qui, en décembre, décernèrent leur prix au Voyage au bout de la nuit.

Georges Bernanos eut cette phrase assassine contre Gaston Chérau : "M. Céline a raté le prix Goncourt. Tant mieux pour M. Céline. On n’a pas vu, on ne verra donc plus jamais – Dieu soit loué ! – M. Céline couronné par M. Gaston Chérau, Maupassant de sous-préfecture".

 

[On joint :]

MAZELINE, Guy. Les Loups. Gallimard, 1932.

Demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs, titre doré, tête dorée, couverture et dos (Van Wegt ?). Non rogné.

Édition originale du roman qui obtint le Prix Goncourt en 1932 contre Céline.

Un des 110 exemplaires au format in-8 sur vélin Lafuma (n° 23).

 

DAUDET, Léon. Lettre autographe signée à Lucien DescavesCe mercredi 3 h [7 décembre 1932]

1 page in-4.

Au critique qui avait quitté précipitamment le jury, furieux que le Prix Goncourt n’ait pas été décerné à Céline.

"Mon cher ami,

Au nom de tous nos amis, je vous écris pour vous demander de ne pas nous quitter, une seconde fois, pour un motif aussi futile. Le scrutin, quel qu’il soit, c’est cela. Même s’il y avait une entente préalable […] je ne vois pas en quoi nous les 'célinistes' devrions nous en formaliser. L’Académie Goncourt aura passé à côté d’un bon bouquin, et puis après… Ce livre ‘scandaleux’ sera tout de même signalé, par trois votes — la vôtre, celle d’Ajalbert, la mienne — à la curiosité publique. Le reste est sans importance.

Je vous en prie, cher Descaves, revenez ! Nous n’avons pas si longtemps, à nous asseoir, en bonne santé, autour de la table de notre vieux maître Edmond Goncourt. Ecoutez-nous, revenez.

Affectueusement à vous, de la part de nous tous,

Léon Daudet.

Vous pouvez faire de cette lettre l’usage que vous voudrez."

 

Photographie de 9 membres du jury du Prix Goncourt, lors de la séance du 2 octobre 1932 (selon une annotation au verso).

 

CÉLINE, Louis-Ferdinand. Qu’on s’explique. Postface au Voyage au bout de la nuit. Liège, À la lampe d’Aladdin, 1933.

In-12. Maroquin noir janséniste, titre doré, tête dorée (J.-P. Miguet).

Rare édition originale, publiée à Liège, de ce texte paru en revue en mars 1933.

Portrait de l’auteur en frontispice.

Un des 30 exemplaires sur vélin blanc, d’un tirage à 41 exemplaires (n° 16).

Dauphin & Fouché, n° 33A3.

Vente Matarasso, 1938.


Librairie Lardanchet (1957, catalogue n° 51, n° 4612, selon Fouché, n° 57D5).


Librairie C. Coulet et A. Faure (Catalogue 1958, n° 104, selon Fouché, n° 58D53).


Robert Desprechins (ex-libris dessiné par Jean Cocteau).

Dauphin & Fouché, n° 32A1.

L’envoi a été publié dans Le Petit Crapouillot en 1958 (n° 4, p. 5a, selon Fouché, n° 58D53) ;

D. Alliot, "Le Goncourt 1932 aurait dû être attribué à Céline", in Céline, Idées reçues sur un auteur sulfureux, Le Cavalier bleu, 2011, p. 71-81, en ligne : https://www.lecavalierbleu.com/wp-content/uploads/2016/11/extrait_298.pdf

Sur Gaston Chérau et les événements de 1932, citons cet extrait du catalogue de l’exposition qui lui a été consacré : Gaston Chérau, romancier de la province française : 1872-1937 (Bibliothèque Municipale de Niort, 1987) :

 

"Pour un découvreur de talents, quelle tribune plus enviable, dans le premier tiers de notre siècle, que l'Académie Goncourt ? Gaston Chérau y comptait des amis de longue date, les Rosny, Léon Hennique, Pol Neveux. Le 5 mai 1926, en remplacement d'Elémir Bourges, il fut élu par 6 voix, contre 2 à Georges Duhamel. […] Gaston Chérau ne recherchait pas les honneurs ; il lui arrivait de les repousser, comme il le fit par deux fois, lorsqu'il refusa d'être proposé pour la nomination dans l'ordre de la Légion d'honneur. Mais l'Académie Goncourt était mieux qu'un honneur : c'était une fidélité de gratitude aux quelques aînés qui avaient encouragé ses débuts, c'était un groupe confraternel, même si la paix en était parfois troublée ; et c'était aussi la mission attachée à l'honneur de lui appartenir. Daudet, Raoul Ponchon devinrent ses amis. Il s'entremit avec succès en faveur de l'élection de Georges Courteline, élu en remplacement de Gustave Geffroy, puis en faveur de Roland Dorgelès, qui succéda à Courteline en 1929. Il tenta, sans succès, de convaincre Giraudoux de se laisser ouvrir la porte de la place Gaillon, puis contribua à l'élection de Léo Larguier. Des crises ont secoué l'Académie Goncourt au cours des onze années pendant lesquelles il en a partagé la vie. Celle de 1932, provoquée par l'attribution du prix à Guy Mazeline, contre le Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, ébranla la santé du président J.-H. Rosny. Gaston Chérau avait travaillé à la réconciliation de Lucien Descaves avec ses confrères. La colère de Descaves, qui était venu place Gaillon pour faire couronner Céline, son nouveau et bruyant départ furent suivis d'une campagne de presse menée dans Le Crapouillot mettant directement en cause les deux Rosny et Roland Dorgelès. Gaston Chérau s'employa avec sollicitude à soutenir le vieux président blessé dans son honneur. [...] En mai 1927, fiers de leur "Goncourt", ils organisèrent en son honneur un banquet chez Drouant, sous la présidence du ministre de l'Instruction publique, Edouard Herriot. Parmi les cent invités, Colette, les Rosny, Lucie Delarue-Mardrus, Georges Lecomte, des critiques littéraires, des artistes. Les photographies montrent un Gaston Chérau à la tête enveloppée d'un pansement protégeant ses oreilles ; souffrant d'une otite, grelottant de fièvre, il était présent, mais incapable d'aller jusqu'au bout de son discours de remerciement, qu'il publia quelques jours plus tard sous le titre : Ce que je n'ai pu dire.

C'est probablement vers cette date et pour un petit nombre d'années qu'il est devenu directeur littéraire des éditions Ferenczi. La rareté des documents concernant cette activité ne permet pas d'en faire une analyse complète. Un brouillon de la main de l'écrivain révèle les conditions qu'il avait posées pour remplir cette fonction : "Le succès ne peut s'établir que par un choix sévère (et je demande qu'aucune influence amicale ne vienne se mettre dans le jeu des lecteurs) et par la continuité de l'effort. J'insiste dès aujourd'hui pour qu'on ne se décourage pas en six mois. Il me faut dix-huit mois au minimum. Collaboration intime entre l'éditeur, le directeur littéraire, le directeur artistique."

Il préconisait l'extension de la publicité concernant les nouveautés aux cercles littéraires provinciaux et jetait sur le papier quelques noms d'écrivains à publier : Alexandre Arnoux, Edmond Fleg, Pierre-Paul Fournier, François Porché, Jean Balde, La Mazière, Titayna, Ivan Goll, Lacretelle. Il attira chez Ferenczi Colette, Estaunié, Rosny aîné, Rosny jeune, Maurice Genevoix, Charlotte Chabrier, dont le roman Les Danaïdes obtint le Prix Minerva. Il fit travailler des artistes, comme Georges Jeanniot, illustrateur de La Prison de verre, Henri Avelot, André Hellé, posant avec eux les jalons d'une collection enfantine."

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