Char, René

Char, René

Les Cloches sur le cœur.

S.l., Le Rouge et le Noir, 1928.

In-12 (163 x 119 mm). Maroquin noir à long grain avec réserves dorées patinées et 2 petits clous dorés, tranches dorées, couverture et dos (Renaud Vernier, 1991 - ED Claude Ribal).

Premier recueil de René Char, d'une très grande rareté.

Exemplaire de Maurice Courtois-Suffit avec envoi, dans une reliure de Renaud Vernier.

Édition originale, en grande partie détruite, du premier livre de René Char, le seul publié sous le prénom de son père René-Émile.

3 dessins à pleine page de Louis Serrieres-Renoux.

Un des 150 exemplaires sur vergé (n° 20), d'un tirage limité à 153 exemplaires.

Envoi autographe signé, à l'encre noire sur le faux titre :

"à Maurice Courtois-Suffit

souvenir amical de René Char. Nimes 22 mai 28".

Char lui dédie le poème de ce recueil intitulé "Tenailles" (p. 23).

Recueil rarissime puisque René Char détruisit la plus grande partie des 153 exemplaires de cette œuvre de jeunesse qu'il désavouait. Publié le 20 février 1928, il contient des poèmes écrits en 1922 et 1927, entre quinze et vingt ans, bien avant son adhésion au mouvement surréaliste en 1929.

Le recueil a fait l'objet d'un compte rendu de Georges Dupeyron dans la livraison de novembre 1928 de la revue Le Rouge et le Noir.

"Ma grand-mère [...] me permit à la suite d'une lente économie de piécettes, de faire éditer mes premiers poèmes. Leur titre Les Cloches sur le cœur, me devint rapidement haïssable ; mais à vrai dire, derrière ce titre, c'étaient des poèmes dont je n'étais guère fier" (in Marie-Claude Char, Char. Dans l'atelier du poète, p. 43).

Maurice Courtois-Suffit (1861-1947), essayiste et romancier, fils d'un médecin célèbre cité par Proust dans Sodome et Gomorrhe : "Mais tout le monde connaît le Pr. Cottard, c'est une sommité. C'est comme si vous me demandiez si je connais Bouffe de Saint-Blaise ou Courtois Suffit ".

Courtois-Suffit publia La Tête, ma prison, la même année que Les Cloches sur le cœur, dont Char rédigea un compte-rendu dans la revue Le Rouge et le Noir, n° 6 de mai-juin 1928 (p. 934) : "M. Courtois-Suffit est délicatement nuancé, mais il sait être vigoureux [...] Livre fermé, j'ai vu se dessiner devant mes yeux une immense carte géographique, où les moindres cours d'eau avaient leur trait marqué".

"Ce qui retient Char dans les livres d'André de Richaud (Comparses) et de Maurice Courtois-Suffit (La Tête, ma prison) dont il rend compte d'abord, ce sont tantôt les émotions 'puisées à même le cœur', la 'louange du sol accoucheur', la rusticité et l'âpreté de la terre, tantôt un jeune héros 'au malaise douloureusement intérieur, hermétique même', qui gagne sa sympathie : une étroite communion d'âmes le ferait bien vite apprécier!" (A.-M. Portier).