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XIXe siècle (lots 30-58)

[Rimbaud, Arthur]

Fragment d'une couverture rapportée d’Éthiopie par Rimbaud. Émouvante et précieuse relique rimbaldienne.

Lot closes

June 18, 12:55 PM GMT

Estimate

20,000 - 30,000 EUR

Starting Bid

20,000 EUR

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Lot Details

Description

[Rimbaud, Arthur]

Fragment d'une couverture rapportée d’Éthiopie par Rimbaud.

Laine tissée de trois couleurs.

 

340 x 230 mm, sous plaque de verre moderne.

 

Émouvante et précieuse relique rimbaldienne.

 

Ce fragment provient de la couverture que Rimbaud avait rapportée d’Abyssinie. Après sa mort, en 1891, sa sœur, Isabelle, la conserva soigneusement dans la valise du poète avec d’autres reliques : lettres de lui ou reçues par lui, le journal intime de Vitalie, la sœur aînée de Rimbaud décédée à l'âge de dix-sept ans, des livres, etc. En 1917, à la mort d’Isabelle, son mari, Pierre Dufour ─ alias Paterne Berrichon ─ gardien de la mémoire du poète, en hérite. Paterne Berrichon meurt en 1922 et sa seconde épouse, ancienne femme de chambre d’Isabelle, décide, en 1938, de vendre la précieuse valise et son contenu.


Quelques années plus tôt, Marie Dufour avait gagné une bataille juridique au sujet de l'héritage de Rimbaud au terme d'un procès intenté par Mmes Émile Tessier et Nelly Lecourt, filles de Frédéric, le frère de Rimbaud. Le jugement indiquait : "Attendu que jamais la dame Rimbaud mère, pas plus que Frédéric Rimbaud, ne se sont immiscés dans la succession de leur fils et frère et n'ont, de leur vivant, réclamé quoi que ce soit ... [le tribunal] ... condamne les deux demanderesses aux dépens" (jugement du Tribunal civil de la Seine en date du 22 février 1930).

La valise, ainsi que son contenu, est alors vendue au libraire rimbaldophile Henri Matarasso, "sans l'ouvrir" rapporte la légende. "Il est difficile de décrire l'émotion ressentie en ouvrant cette valise vieille d'un demi-siècle... la valise même qui avait accompagné Rimbaud dans ses voyages aventureux sur les côtes de la Mer Rouge et sur les plateaux éthiopiens", indique Enid Starkie, biographe de Rimbaud, à la disposition de laquelle Henri Matarasso avait tout de suite mis les éléments recueillis (Arthur Rimbaud, Londres, Faber and Faber, 1938, réédité en 1947 et 1961. Traduction française par Alain Borer, Flammarion, 1982, rééditée en 1989 et 1991). Ces trouvailles lui permirent, de son côté, de publier avec Henri Bouillanne de Lacoste, une étude intitulée "Nouveaux documents sur Rimbaud" (Mercure de France, 15 mai 1939). Il sera, plus tard, avec Pierre Petitfils, l'auteur d'une biographie de Rimbaud (Hachette, 1962), ainsi que de l'Album Rimbaud de la Pléiade (Gallimard, 1967).


En 1954, Henri Matarasso fit don de la valise et d’une partie de son contenu à la ville de Charleville-Mézières contribuant ainsi à la création du musée Arthur Rimbaud.

La couverture faisait partie de ce don mais, quelques années plus tôt, le libraire, en avait prélevé deux morceaux.

Celui-ci fut donné à son confrère et ami Jean Loize, libraire parisien installé rue Bonaparte, et connu pour les expositions d'écrivains qu'il organisa dans les années 40 et 50. Jean Loize, dans une note qu'il a laissée avec le fragment de la couverture, indique : "[...] dans la fameuse valise, cédée sans l'ouvrir à Matarasso par la veuve Dufour-Berrichon (remplaçante d'Isabelle Rimbaud), il y avait, entre autres ‘trésors’ ceci, ramené d'Abyssinie par Rimbaud. Avec quelques photos et dessins, un bon morceau m'en fut cédé. Le reste est au musée de Charleville avec d'autres dons futurs. Jean Loize."

Le 7 avril 1942, Paul Léautaud note, dans son Journal : "Déjeuné chez Loize, chez lui, rue de Sèvres. Sa femme, sa mère à lui, et leur fils, à Paris, pour les vacances de Pâques. Un joli appartement. De jolis meubles anglais du XVIIIe. Des livres. Des tableaux peints par Mme Loize. Quel taudis me paraît mon domicile quand je vois ces intérieurs ! Un morceau d'étoffe provenant de Rimbaud à son retour d'Abyssinie. Un portrait de lui au crayon par sa sœur à ce moment, vrai visage de moribond." (Mercure de France, tome III, p. 553).

 

La succession Jean Loize fut vendue aux enchères, à Marseille, le 14 décembre 1986. Le fragment d'étoffe, dont la photographie illustre la couverture du catalogue, est présenté sous le n° 48, parmi divers souvenirs littéraires, accompagné de ce commentaire de l'expert Robert Michel : "L'étoffe complète d'où avait été détaché ce fragment, est maintenant au Musée de Charleville. Rimbaud s'en couvrait dans son lit d'hôpital à Marseille. Elle se trouvait dans la fameuse valise (aussi au musée de Charleville) cédée sans l'ouvrir (vers 1940) au libraire Matarasso par la veuve Dufour-Berrichon."

 

Le second fragment prélevé par Matarasso fut donné, en 1950, à Pol-Armand Nicaise qui le transmit au libraire Claude Buffet. Il fit partie ensuite de la bibliothèque de Pierre Bergé (II, 9 novembre 2016, n° 497). La lettre de Nicaise l’accompagnant précise "Ce morceau de tissu abyssin faisait partie d’un drap de même provenance ayant servi à couvrir le poète Arthur Rimbaud étant sur une civière portée par des Abyssins le menant de Harar à Zeihah et en partance à Aden pour Marseille 7 au 17 avril 1891".


Pour une édition originale d'Une Saison en enfer (Bruxelles, 1873), voir notre vente Bibliothèque Jacques Dauchez - Autour de Dubuffet, lot 171 : https://www.sothebys.com/en/buy/auction/2025/bibliotheque-jacques-dauchez-pf2513/une-saison-en-enfer-1973-rare-edition-originale

Isabelle Rimbaud.


Paterne Berrichon.


Marie Dufour.


Henri Matarasso.


Jean Loize.


Pierre Leroy (Sotheby's, 27 juin 2007, n° 95).

F. Musso, Arthur Rimbaud, collection "Les Géants", Pierre Charon, 1972 (reproduction en couleurs).


Cl. Jeancolas, Passion Rimbaud - L'Album d'une vie par Claude Jeancolas, Textuel, 1998.


J.-J. Lefrère, Arthur Rimbaud, Fayard , 2001 (reproduction en couleurs sur la couverture de l'ouvrage).

Présentée à l'exposition du Centenaire, également avec la malle et les livres, à la Bibliothèque nationale, Paris, 1954, sous le n° 440.

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