3 éditions sur grand papier, chacune avec une lettre de Jean Dubuffet à Michaux : Nouvelles de l’étranger, L’Infini turbulent et Façons d’endormi, façons d’éveillé.
No reserve
Lot Closed
June 19, 02:30 PM GMT
Estimate
1,500 - 2,000 EUR
We may charge or debit your saved payment method subject to the terms set out in our Conditions of Business for Buyers.
Read more.Lot Details
Description
Michaux, Henri
Nouvelles de l’étranger, L’Infini turbulent et Façons d’endormi, façons d’éveillé.
3 éditions sur grand papier, chacune avec une lettre de Jean Dubuffet à Michaux.
1952-1969.
Dubuffet est l'un des peintres qui a le plus influencé Michaux.
Nouvelles de l’étranger. Paris, Mercure de France, 1952.
In-8. Maroquin rouge janséniste, dos lisse, titre doré en long, tranches dorées, doublure et gardes de daim beige, couverture et dos, chemise et étui (C. et J.-P. Miguet).
Édition originale.
Un des 15 exemplaires de tête sur vélin pur chiffon Johannot (n° 10).
[On joint :]
DUBUFFET, Jean. Lettre autographe signée à Henri Michaux (10 janvier [1953], 2 pages in-8, reliée en tête, avec enveloppe, cachet postal du 10.I.53).
À propos de l'ouvrage : "Ainsi donc, déficelé ce paquet de livres au retour à la maison après notre promenade de l'autre soir, j'ai pu passer, le lendemain, avec ces nouvelles de l'étranger, une seconde soirée en votre compagnie. D'autres ensuite aussi, les jours suivants. Mais cette fois vous n'étiez plus avec moi démaquillé dans les coulisses, mais en scène, en piste, dans votre maillot pailleté - moi dans les stalles, bouche bée et ravi. Livre admirablement réussi ! chaque ligne est efficace".
L’Infini turbulent. Paris, Mercure de France, 1964.
In-8. Maroquin rouge à encadrement, plats de balsa teinté noir, tête dorée, couverture et dos (J.-P. Miguet).
Édition augmentée de l'édition originale de 1957.
Un des 50 exemplaires sur vélin pur fil (n° 40).
[On joint :]
DUBUFFET, Jean. Lettre autographe signée à Henri Michaux (15 juillet 1966, 1 page, reliée en tête).
"J'étais à Bâle. On y prononce l'allemand d'une façon grotesque. Des dames âgées sont affublées d'un petit sac de montagne attaché sur leur dos par des bretelles. Mais ma pensée avait peu de disponibilité pour ces niaiseries. Ma pensée était entièrement occupée par le Bain de la Parisienne et les dominatrices foulées de grandes filles nues marchant au pas de dévastation. Je vous écris dans le vide puisque, si je comprends bien, vous êtes parti. J'espère bien que vous n'avez pas vraiment emporté dans votre petite valise ces lourds livres que vous ai fait tenir, mais que vous avez seulement emporté leur souvenir, comme moi partant pour Bâle celui de mademoiselle Franka Germanicus".
Façons d’endormi, façons d’éveillé. Paris, Gallimard, Le Point du jour, 1969.
In-12. Maroquin rouge à encadrement, plats de balsa teinté noir, tête dorée, couverture et dos (J.-P. Miguet).
Édition originale.
Un des 36 exemplaires de tête sur Hollande van Gelder (n° 2).
[On joint :]
DUBUFFET, Jean. Lettre autographe signée à Henri Michaux (10 décembre 1969, 1 page in-4, sur onglet).
"C'est du registre de l'endormi que cette lettre émane. Endormi même pas rêveur. Endormi lourd. Une grippe du genre des plus coriaces me donne depuis quinze jours ces façons là. C'est alors qu'étendu, entre deux corps de tilleul de la bouteille thermos, on savoure à plein les bonnes lectures (qui sont si rares). On savoure aussi les témoignages d'amitié (denrée rare aussi)."
Sur Dubuffet et Michaux, voir aussi lot 73 (lettres de Dubuffet à Michaux), 142, 144 et 147 (éditions de Michaux avec envoi ou lettres à Dubuffet).
Michaux, Œuvres complètes, Pléiade, I-III, chronologie de R. Bellour et Y. Tran.
Sandrine Thiry, "Michaux et Dubuffet : rencontre de deux hommes du commun", in Henri Michaux, corps et savoir, sous la dir. de Pierre Grouix et Jean-Michel Maulpoix, ENS, 1987, p. 297-324, résumé de l'article, en ligne : https://books.openedition.org/enseditions/21075?lang=fr
Nouvelles de l’étranger : Imbert, 47.
L’infini turbulent : Imbert, 53.
Façons d’endormi, façons d’éveillé : Imbert, 73.
Deux hommes du commun. Michaux et Dubuffet se rencontrent à la fin de l'année 1944, après que Dubuffet ait sollicité Marie-Louise Michaux, qui tenait la galerie André rue des Saints-Pères, pour y exposer ses lithographies. Immédiatement séduit par les peintures de Dubuffet, Michaux écrit à Paulhan : "Vu exposition Dubuffet. Plein de qualités de peintre ce Dubuffet. J'ai été conquis. Depuis, je me reprends... un peu" (Pléiade, I, p. CXXIV). Ils furent très proches dans les années d'après-guerre, au point de passer Noël 1946 ensemble (I, p. CXXVIII). En 1947, Dubuffet note, à propos d'un déjeuner avec Michaux et Bertelé : "Michaux a été épatant ; il s'amusait à haricoter Léautaud ; il haricotait épatement, il avait toujours le dernier mot, il était extrêmement drôle, il était en très bonne forme et bonne humeur". En octobre 1947, l'exposition de Dubuffet à la galerie Drouin "Les gens sont bien plus beaux qu'ils croient / Vive leur vraie fugure", sont montré 7 des 9 portraits que le peintre a réalisés de son ami "et de monsieur Plume". Le mois suivant a lieu la création du Foyer de l'Art Brut : si ce n'est que plus tard que Michaux manifestera son intérêt pour l'entreprise, le poète ne pouvait être que très proche de cet univers, ainsi que le note R. Bellour et Y. Tran : son intérêt pour "les enfants, les fous, les primitifs...", l'influence de Paul Klee, et sa approximé avec Dubuffet à cette époque. En 1949, Dubuffet publie un croquis-portrait de Michaux titré : "Henri Michaux garçon triste (et génial) à tête de poussin écrit, dessine et chante des rêves". En 1952, Michaux et Dubuffet participent à une exposition collective au studio Paul Facchetti, avec Ossorio, Appel ou Pollock. La folie, au centre du concept d'Art Brut, inspire cette lettre à Dubuffet, après sa lecture de Connaissance par les gouffres en 1961 : "Il est traité de folie magistralement, vous la donnez à vivre. Elle est bien tentante. Il en est d'elle comme tout chose, elle donne à perdre par un bout, mais à gagner par un autre. Elle n'est pas comme on le croit une valeur négative. Il n'y a pas de valeurs négatives. Je m'émerveille du courage de vos expériences, et de leur cours opiniâtre." (III, p. XV). En juin 1965, Michaux devient membre officiel de la Compagnie de l'Art brut de Dubuffet, qui lui écrit : "Il faut que vous aimiez bien l'Art brut, mon cher Michaux, pour consentir si gentiment à cette position de sociétaire, et je saisis pleinement le prix de cette décision" (III, p. XXVII).
"En effet une véritable communauté d’esprit se dessine dans ce simple geste de « graver », tant au niveau de la peinture qu’au niveau de la littérature. Ce qui unit les deux créateurs avant tout, c’est sans doute la conviction que l’art (pictural, poétique) ne donne pas à l’homme toute sa place, qu’au contraire il fige ce dernier dans un carcan aliénant qui ne rend compte en aucune façon de sa complexité. Des « positions anti-culturelles » vont alors les amener, chacun à sa façon, à proposer une représentation nouvelle d’un homme qu’ils annoncent tous deux « faible », « inadapté » mais pourtant merveilleusement multiple, changeant, riche de ressources. L’intérêt majeur de cette nouvelle représentation est de préférer à un espace vertical – celui du mot d’ordre et de la métaphore aussi un espace horizontal – métonymique. Que ce soit de la (dé) composition de portraits par contiguïté chez Dubuffet ou par l’épanchement du pigment réaliste dans l’eau songeuse chez Michaux, c’est à un véritable éloge de l’individu « du commun » rendu à sa présence réelle – au milieu des fourmis et des 'antennes vibrantes' – qu’aboutissent nos deux peintres et / ou écrivains." (Sandrine Thiry).
You May Also Like