View full screen - View 1 of Lot 79. Le Petit Prince sur sa planète, écharpe au vent avec trois étoiles. [Alger, fin 1943-début 1944]. Dessin réalisé à Alger lors d'un déjeuner chez Jean et Suzanne Amrouche. .

"Des Petits Princes par milliers". De la collection Pierre Amrouche et Suzanne Amrouche-Molbert (lots 67-81).

Saint-Exupéry, Antoine de

Le Petit Prince sur sa planète, écharpe au vent avec trois étoiles. [Alger, fin 1943-début 1944]. Dessin réalisé à Alger lors d'un déjeuner chez Jean et Suzanne Amrouche.

Lot closes

June 18, 01:19 PM GMT

Estimate

30,000 - 50,000 EUR

Starting Bid

28,000 EUR

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Lot Details

Description

Saint-Exupéry, Antoine de

Le Petit Prince sur sa planète, écharpe au vent avec trois étoiles.

[Alger, fin 1943-début 1944].

 

Encre sur papier (151 x 124 mm). Au verso d’un feuillet d’un carnet de notes.


C’est très vraisemblablement par l’intermédiaire d’André Gide que Jean Amrouche (1906-1962) et Suzanne Amrouche (1916-2008) firent la connaissance d’Antoine de Saint-Exupéry, à Alger, à l’automne 1943. Cette année-là, ils avaient quitté Tunis où ils enseignaient la littérature, pour s’installer à Alger où Gide, qu’eux-mêmes avaient accueilli dans la capitale tunisienne de mai 1942 à mai 1943, les invite à le rejoindre.

Depuis le débarquement allié en Afrique du Nord, en novembre 1942, Alger est alors un vivier culturel florissant pour les écrivains en exil. Jean Amrouche, poète kabyle, professeur de littérature et journaliste littéraire fonde, en 1943, avec André Gide et Jacques Lassaigne, la revue L’Arche. Dans le premier numéro, en février 1944, y est publiée Lettre à un otage de Saint-Exupéry, qui paraîtra chez Gallimard en décembre de la même année.


Antoine de Saint-Exupéry arrive à Alger le 4 mai 1943 afin de réintégrer le groupe de reconnaissance 2/33. Il habite alors chez son ami, le médecin Georges Pélissier. Dans une lettre du 22 octobre 1943, Jean Amrouche confie à André Gide avoir "passé de longues heures avec Saint-Ex. C’est décidément une très belle nature. J’apprécie davantage chaque jour la solidité, la droiture de son jugement, son sens des plus hautes valeurs". L’auteur de L’Immoraliste et Jean Amrouche entretiennent une abondante correspondance de 1928 à 1950 (voir lot 33) dans laquelle Saint-Exupéry est, à plusieurs reprises, évoqué.


Le 7 novembre de la même année, Jean Amrouche, littéralement sous le charme du Petit Prince, écrit à Saint-Exupéry : "Votre histoire est une des plus belles histoires […] une histoire pour les hommes qui ont rencontré le Petit Prince, sans le reconnaître, et sans savoir que c’est au monde la chose la plus importante. J’espère que votre livre le leur fera savoir, pour toujours. Alors chacun portera dans son cœur, son Petit Prince, et il entendra rire cinq cents millions de grelots et chanter autant de fontaines ; et il n’aura pas peur de l’éclair jaune. C’est peut-être parce que je devinais cela depuis longtemps que dès que je vous ai vu je me suis senti porté vers vous. Et j’ai fini de lire votre livre en entrant dans le mystérieux pays où les larmes sont comme une pluie d’étoiles. À cause de cela, je serai triste quand vous partirez. Peut-être n’oubliez-vous pas que je suis une planète, avec une fleur d’amitié… dont vous serez, un petit peu, un tout petit peu responsable."

 

Dans l’agenda de l’aviateur figurent le numéro de téléphone de Jean Amrouche ainsi que la mention d’un déjeuner chez Anne Heurgon, où Gide réside alors, le 19 novembre 1943.

 

C'est au cours d'un déjeuner à Alger, chez Jean et Suzanne Amrouche, au début de l’année 1944, que Saint-Exupéry réalisa ces quinze dessins du Petit Prince, la plupart inédits. Leur fils, Pierre Amrouche, rapporte : "Ma mère, Suzanne Amrouche-Molbert, m’a raconté que Saint-Ex, comme tout le monde l’appelait, était un joyeux luron se tenant bien à table et buvant sec, faisant du charme à toutes les femmes de la soirée, ajoutant : ‘Il n’était pas beau, mais était séduisant et drôle ! Tout en plaisantant, il s’était mis à griffonner sur la nappe en papier des petits personnages et à faire passer aux convives des messages où d’autres personnages, ou le même, parlaient dans une bulle, l’un d’eux disant : ‘Est-ce que ça se voit que je suis saoul ?’ Pour lui rendre service, ma mère lui donna son carnet de notes, et c’est sur ce carnet qu’il réalisa quinze dessins du Petit Prince, encore inconnu à Alger, qu’il donna à ma mère à la fin du repas."

Le célèbre petit garçon y apparaît tour à tour l’écharpe au vent, dévalant ou gravissant la montagne, allongé sur sa planète ou tirant un escargot en laisse, ou bien encore, comme c'est ici le cas, debout sur sa planète, nimbé d’étoiles, tel qu’il figure sur la couverture du livre.

 

Aucun de ces dessins ne figurent dans le catalogue de Delphine Lacroix, Antoine de Saint-Exupéry. Dessins, aquarelles, pastels et crayons (Gallimard, 2006).


Parmi les quinze dessins de cette collection, cinq furent présentés en 2022 au Musée des Arts décoratifs dans l’exposition À la rencontre du Petit Prince (17 février-22 juin 2022, p. 324).


[On joint :]

Enveloppe de papier kraft à en-tête de la "Radiodiffusion et Télévision françaises" dans laquelle les dessins ont été soigneusement conservés. Suzanne-Amrouche-Molbert a indiqué au crayon "Dessins d'Antoine de Saint-Exupéry, Alger 1944".

De la collection Pierre Amrouche et Suzanne Amrouche-Molbert.

À la rencontre du Petit Prince, Paris, Gallimard et Musée des Arts décoratifs, 2022.

 À la rencontre du Petit Prince, Musée des Arts décoratifs (17 février-22 juin 2022).

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