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Dubuffet, Jean

Importante correspondance à Richard Negrou, qui fut son collaborateur de 1963 à 1964.

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June 19, 01:40 PM GMT

Estimate

7,000 - 8,000 EUR

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100 EUR

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Lot Details

Description

Dubuffet, Jean

Importante correspondance à Richard Negrou (63 lettres signées, la plupart autographes).

1963-1985.


65 pages in-4 ou in-8 (270 x 210 à 201 x 155 mm), 50 lettres autographes et 12 tapuscrites, 15 enveloppes.


Intéressante correspondance croisée avec l’un de ses collaborateurs, le traducteur Richard Negrou.


Avec des notes autographes et une vingtaine de lettres de Negrou à Dubuffet.


C’est au printemps 1963 que Dubuffet sollicita les services de Richard Negrou, le chargeant de diverses taches au sein de son secrétariat : constitution de catalogues, gestion des collections de l’Art Brut, préparation de publications et d’expositions, suivi des travaux de lithographie et des achats, classement des documents, des fichiers d’adresses, tenue des comptes, établissements de factures, etc.

Si cette collaboration ne dura qu’une seule année – Dubuffet décidant d’y mettre terme en juillet 1964 – leur relation resta amicale jusqu’à la fin, la dernière lettre, datée du 3 janvier 1985, ne précédant que de quelques mois la mort de Dubuffet.


Il est donc principalement ici question du travail de Dubuffet entre le mois de mai 1963 et l’été 1964 : série de L’Hourloupe, avec l’exposition organisée au Palazzo Grassi à Venise, gestion de la collection de l’Art Brut à Lausanne, rédaction des fascicules de la Compagnie, préparation du Catalogue des travaux de Jean Dubuffet sous la direction de Max Loreau.

Plusieurs artistes sont cités ainsi que diverses personnalités de l’entourage de Dubuffet : le croate Slavko Kopač, le mineur-médium Augustin Lesage, le poète anglais Graham Ackroyd, le photographe Nigel Henderson, les écrivains Jean L’Anselme et Marcel Sauvage, Renato Barilli, Raymond Queneau (à propos d’un échange d’œuvres), Max Loreau bien sûr, mais également le médecin Gaston Ferdière, "un personnage très inconfortable, très hâbleur et menteur et malhonnête. Il faut – tout en restant avec lui, bien sûr, très courtois – éviter de lui donner aucun renseignement sur la provenance des objets figurant dans les collections de l'Art Brut. Il faut éviter aussi qu'il circule seul dans les salles ou qu'il prenne des notes" (Vence, 24 octobre 1963).


"Je travaille toujours sans désemparer à mes peintures, dont je ramènerai à Paris un nombre inusité de mètres carrés. On verra si elles sauvegarderont votre chaleureux enthousiasme ou bien si elles le feront baisser" (Le Touquet 28 août 1963).

"Je continue […] le développement de L’Hourloupe, maintenant sur des toiles de très grands formats, grimpé sur des échafaudages" (Vence, 15 octobre 1963).

Le 29 octobre suivant, à propos d’un questionnaire de la revue Preuves : "Le terme d'’art’ n'a pas pour moi le même sens que pour MM. Chastel, Cassou et autres. C'est en effet exclusivement ce que j'appelle moi-même ‘l'art culturel’ qu'ils ont en vue quand ils articulent le mot ‘art’, cependant que pour moi, ‘l'art culturel’ n'est à mes yeux qu'un avatar spécieux de la création d'art. S'il n'en est même pas plutôt une espèce de fausse monnaie".


De Paris, du Touquet ou de Vence, Dubuffet envoie ses instructions à Negrou, concernant une saugrenue proposition de légion d’honneur, une éventuelle exposition rétrospective au Palais de Tokyo, la constitution d’un album de photographies de sa collection qui se trouve à Paris, un projet de jeu de cartes avec des dessins faits au marqueur, la préparation de l’exposition de ses lithographies à Venise, la présentation de ses travaux durant la prochaine Documenta, à Cassel, etc.


En décembre 1963, il modifie son testament (copie d'une lettre à son notaire jointe) et fait de Negrou son exécuteur testamentaire, lui donnant les prérogatives attribuées auparavant à Daniel Cordier. Il évoque quelques mois plus tard des propos très agressifs de ce dernier et même des menaces de "vengeance" qu’on lui a rapportées.

Mais dès le mois de janvier 1964, il s’impatiente et suggère à son nouveau collaborateur de s’activer un peu et de mieux se repérer dans le fouillis de ses travaux pour être capable de répondre à toute demande ou sollicitation. Il se plaint de manquer d’informations sur ce qui se passe au secrétariat, souhaitant un rapport, quotidien si possible, sur ce qui est fait et à faire, et des comptes rendus réguliers sur les taches en cours, demandant à Negrou de s'imposer une discipline, de noter toutes les menues choses qui sont à faire pour les rayer à mesure qu'elles sont faites. Cette accumulation de griefs débouche sur l’arrêt de leur collaboration au début du mois de juillet.

Le 9 juillet, Richard Negrou lui ayant à son tour reproché certaines façons de faire, Dubuffet lui écrit : "Je suis très maladroit pour traiter les choses qui me sont pénibles ; je ne sais que les faire au plus vite en fonçant comme une brute pour en être délivré. Rien ne m'échappe du loyal dévouement que vous avez apporté à notre collaboration, de l'affectueuse application que vous y aviez témoignée. […] Je voudrais bien conserver votre amitié. Ou disons la retrouver, au plus vite, dans une position qui sera plus libre et détendue que celle, inévitablement un peu fausse et gênante dans laquelle nous nous trouvions".


Après cette rupture, les lettres bien évidemment s’espacent tout en restant très amicales, Dubuffet informe Negrou de son travail, des développements de L’Hourloupe, du catalogue de ses travaux édité par Pauvert. Il annonce une exposition de l’Art Brut au musée des Arts décoratifs en 1967, lui adressant régulièrement des vœux de bonne santé et de bonne année. "J’ai bon souvenir de notre collaboration de naguère et à mon tour, je vous souhaite chaleureusement bonne année" (13 janvier 1984).


Les notes autographes (15 pages in-4) qui accompagnent cette correspondance concernent différentes taches dévolues à Negrou : instructions concernant des services de presse, pour L’Hourloupe ou le livre de Renato Barilli (Dubuffet materiologie, Bologne, 1962), liste de noms de collectionneurs, barème de prix de ses œuvres à l’occasion de l’exposition au Palazzo Grassi (prix de vente et d'assurance), comptes financiers, etc. Dubuffet lui fait parvenir la transcription d'un enregistrement de son allocution à Venise, lors de l’exposition de L’Hourloupe à Venise au centre d’art de Paolo Marinotti.


[On joint :]

NEGROU, Richard.

- 10 lettres à Jean Dubuffet, autographes ou dactylographiées signées et copies de 8 autres lettres, à Jean Dubuffet, 1963-1982. Relatives à ses fonctions et à leur relation. 15 juillet 1964 : "Nous courons tous les deux après des chimères. Vous après le parfait secrétaire, moi après le véritable ami. Je plaisante naturellement, je ne pense pas que ce que vous demandez soit impossible". Dubuffet, selon lui, manque sans doute de discernement dans le choix de ses collaborateurs et manque d’organisation. "Il y a quelques failles dans votre manière de faire… et de défaire. Une confusion que vous n'arrivez à surmonter entre le détail et la chose importante. […] Il ne sert à rien de reconsidérer le passé, mais j'avoue que j'ai un peu la nostalgie de ce qu'aurait pu être notre ‘collaboration’. Il aurait suffi peut-être que dès le début, nous nous connaissions mieux, que dès les premiers mois, nous nous attaquions ensemble (deux semaines de travail sérieux – sur le tas – aurait mieux valu que des mois de correspondance) aux difficultés plutôt que d'attendre les écueils de deux expositions".

- Notes autographes (environ 30 pages in-8 ou in-4), non datées. À propos de Dubuffet : "sur ses toiles, il est intarissable, il les détaille, vous montre les personnages qui s'y inscrivent, puis il attend que vous apportiez votre jugement, votre louange surtout, peut-être votre louange seulement". Il évoque le côté "foutriquet" de Dubuffet, dans son physique comme dans son caractère, "une balance de précision déréglée", parle de ses façons de faire "un peu comme un chat, une caresse, un coup de griffe. Le désir de voir jusqu'où il peut aller. Et un peu plus loin si possible. Puis, comme si ses antennes avaient saisi une velléité de résistance ou d'hostilité, le charme, la trouvaille aimable ou affectueuse, la flatterie même, mais jamais soulignée ou maladroite. Un continuel chaud et froid, une oscillation entre des extrêmes". "Dans ses écrits, il me fait penser à un ours dans un magasin de porcelaine. Mais un ours qui ne casse que les objets qu'il ne risque de payer".


3 lettres à Richard Negrou dont une de Daniel CORDIER (2 décembre 1960, avec copie d'une lettre de Dubuffet à Cordier, 2 novembre 1963) et une de Pierro RUSSO, responsable des collections du Palazzo Grassi à Venise (12 novembre 1963).


4 photographies : Dubuffet et Lili, attablés, Marseille 1949 (90 x 135 mm). Dubuffet au MOMA en 1962 (100 x 130 mm). Dubuffet, en costume, dans son atelier (90 x 140 mm). Dubuffet devant le chantier de L'Ubac, son atelier de Vence, en 1955 (125 x 180 mm).


Photocopies (dont la fiche d’état-civil de Dubuffet) et coupure de presse à propos de la fermeture de la galerie de D. Cordier en juin 1964.

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