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Ponge, Francis

3 ouvrages en édition originale. Avec envois autographe à Paul Éluard : Douze petits écrits, Le Carnet du bois de pins, Proêmes. Dans d'élégantes reliures de Martin. Avec une lettre et un poème autographe.

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June 19, 02:40 PM GMT

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1,600 - 2,000 EUR

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Lot Details

Description

Ponge, Francis

3 éditions originakes, avec envois autographes à Paul Éluard.


D'un grand poète résistant à un autre.


Élégantes reliures de P.-L. Martin.

Avec une lettre et un poème autographe.


Douze petits écrits. Paris, Gallimard, 1926.

Petit in-8. Box chocolat à fines bandes, plats mosaïqués de balsa teinté avec titre et nom de l'auteur poussés en noir sur le premier plat, dos lisse avec titre doré, tête dorée, couverture et dos (P.-L. Martin).

Édition originale.

Un des 718 exemplaires sur vélin simili-cuve de Navarre (n° 216).

Jusqu'à la publication chez Gallimard des Douze petits écrits, Ponge (1899-1988) n'avait fait paraître que quelques textes en revues (Le Mouton blanc, Nouvelle Revue Francaise, Commerce).

Envoi autographe signé, sur le faux-titre :

"A Paul Éluard

mon ami, dont la voix déchirante et suave nous ouvre le seul ciel où nous aspirons

Francis Ponge

Paris 192.-1943".

[On joint :]

Poème autographe signé, "Au Printemps" (une page in-12, à l'encre violette). Ce parut dans Cahiers du Sud en 1942 et repris dans Le Grand Recueil, I, Lyres en 1952 (voir Œuvres complètes, Pléiade, II, p. 458).

Lettre autographe signée à Paul Éluard (1 p. in-4, enveloppe avec cachet postal du 19.VI.1939).

"J'avais attendu avec impatience cette garden-party du comité de Mesures, beaucoup à cause de vous. [...] Je ne veux pas que vous attendiez davantage (bien entendu, vous n'attendiez rien) l’expression de ma dilection et de ma fidélité. Même avant d'avoir pu autant de fois relire les textes récents de Donner à voir, que je connais par cœur la plupart des anciens, depuis la Dame de Carreau. Vous me teniez à cœur, vous le savez, bien avant que je vous connusse, et depuis rien n'a changé de moi à vous. Je n'en dirai pas autant de tous nos anciens camarades."


Le Carnet du bois de pins. Lausanne, Mermod, 1947.

In-8. Box olive à coins carrés, plats ornés d’une composition géométrique en balsa olive, dos lisse avec titre doré, doublure de balsa, tête dorée, couverture et dos (P.-L. Martin).

Édition originale. Exemplaire du service de presse.

Tirage unique limité à 1500 exemplaires numérotés sur papier vergé chiffon. 

Envoi autographe signé :

"A Paul Éluard

que je n'ai jamais tant admiré et aimé

son ami

Francis P".


Proêmes. Paris, Gallimard, 1948.

In-12. Box chocolat à coins carrés, plats ornés d’une composition géométrique en balsa, dos lisse avec titre doré, tête dorée, doublure de balsa, couverture et dos, étui (P.-L. Martin).

Édition originale. Vient de paraître, relié in-fine.

Un des 2200 exemplaires sur papier de châtaignier (n° 2042).

Long envoi autographe signé, sur le faux-titre :

"à Paul Éluard / qui fait partie de / moi, que je ne puis / séparer de moi, / et qui a voulu / défendre ce livre contre / une autre partie de / la plus terrible / son ami, de tout coeur / Francis Ponge / 5 janvier 1949".


Entré en résistance en 1941, Ponge publie dans les principales revues issues de la Résistance et rencontre Paul Éluard, qui le publie dans L'Honneur des poètes en 1943.

"Dans le groupe surréaliste, c'est avec Éluard que j'avais le plus de sympathie" (Œuvres complètes, Pléiade, II, p. 1414).

Pour le dixième anniversaire de la mort d'Éluard , la revue Europe demanda à Ponge un texte sur celui qu'il appréciait tant, article que ne fut pas publié alors mais depuis, cité dans les Œuvres complètes. Intitulé "Qualité de Paul Éluard ", ce texte, cité ci-dessous intégralement, éclaire le rapport entre ces deux poètes.

"L'une des meilleures qualités de Paul Éluard est de paraître toujours à peu près naturel... L'écoutant, on laisse tomber ses armes. Quoi qu'il dise ou quoi qu'il fasse, on ne saurait trop lui en vouloir... Sa parole est douée d'un ascendant indéniable. Elle emporte (à plus ou moins haute altitude) la conviction (je ne dis pas que ce soit très haut). Il ne s'agit pas le moins du monde d'arguments, mais d'une façon d'arranger les mots, quelques mots seulement (deux ou trois, trois ou quatre), qui les doue d'un frémissement et d'un balancement, comme deux ailes.

Tel est le don d'Éluard. Il dit trois mots et nous voilà convaincus. Convaincus, je ne dis pas d'autre chose que des mots eux-mêmes.

Paul Éluard a un sens très sûr des phonèmes français. Jonglant et rattrapant les mots les plus purs avec goût. Battant des mains. Battant les cartes.

Il trouva la langue dans un état particulier que je veux décrire. Déjà défigurée, hachée menu, dispersée. Rimbaud, Verlaine, Laforgue, Max Jacob, Apollinaire... puis les unanimistes et dada étaient venus. Dans cette anarchie, il arriva avec ses balances fines.

Jeune coq dada, il vola d'abord dans les plumes de la vieille poule unanimiste qui l'avait couvé.

Les trois grands jeunes premiers surréalistes, de très loin supérieurs à ceux de la seconde zone, avaient chacun leur charme. Le succès leur conféra précocement un port hiératique. L'imposture n'était pas loin. Éluard ne s'en défendit pas le plus mal. Éluard, qui n'avait pas beaucoup moins de majesté que Breton, qui ne portait pas beaucoup moins fièrement la tête, paraissait moins pénétré, moins sévère, moins grave. Plus accueillant, plus ouvert. Et pour ainsi dire jamais sur ses gardes.

La note juste donnée tout à coup. Le son pur sans défaillance. Vous savez comme lorsqu'on applique sa lèvre inférieure exactement à l'endroit qu'il faut pour faire rendre, des la première sufflation, juste sa note à une clef perforée. Les sentiments (et peu importe qu'ils soient 'bons' ou 'mauvais') passant du fond du cœur par la gorge et les lèvres, dans leur expression la plus simple et la plus limpide, comme on la pourrait croire originelle.

Cessons donc de parler de tête et de ce qui a rapport à l'esprit. Parlons de bouche, de gorge. Eh bien ! de ce point de vue, je ne vois pas grand-chose de supérieur à Éluard.

Cette voix libre était toujours utile. Elle donnait la preuve que tout pouvait aller bien, retomber bien, comme un chat sur ses pattes.

Il s'agit d'un grand gars, de visage asymétrique, de port noble.

Il s'avance, le nez en l'air, la cravate avantageuse, dans Luna-Park ou la fête de L'Huma, la tête rejetée en arrière, dans une pose inspirée, les bras ouverts, les mains tendues.

Toujours tremblant, toujours au bord de l'enthousiasme ou de la révolte. Sans trop de mots. La voix étranglée. Un fou prudent.

Au petit bonheur des bons sentiments ou des grandes colères, tendre impérieusement, cyniquement affectueux. De sa bouche légèrement écumante, pourtant l'on ne voit sortir qu'une mince coulée ininterrompue de nectar ou, plus souvent encore, seulement quelques perles, perles grises, perles roses, expressions indéniables, extraordinairement réussies.

Qu'il batte des mains ou tape du pied, il semble qu'à son approche le dictionnaire, agité d'un soudain tremble-ment, vole en pétales, en ailes, en papillons affolés.

Une grande agitation en somme, plus ou moins justifiée : mais qu'importe: quelques grains au fond de la trémie, au fond du boisseau tremblant demeurent. Parmi la débâcle qui l'environne, la poussière de paille et d'ivraie qui l'auréole, une grande agitation, en somme, mais c'est celle du crible ou du van."

(Œuvres complètes, Pléiade, II, p. 1393-1385).

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