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Michaux, Henri

Nous deux encore. 1948. Rare édition originale, sur la mort tragique de sa femme. [Avec:] lettre de Dubuffet sur ce "livre funèbre".

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June 19, 02:22 PM GMT

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Lot Details

Description

Michaux, Henri

Nous deux encore.

Paris, J. Lambert & Cie, 1948.


In-12 (184 x 114 mm). Maroquin noir janséniste, dos lisse avec titre doré, tête dorée, couverture et dos, chemise et étui ([J.P. Miguet], non signée).


L'un des plus beaux textes de Michaux, écrit après la mort tragique de son épouse dans un incendie.

Avec une lettre de Dubuffet sur ce "livre funèbre".


Édition originale.


Libraire-éditeur, Jacques Olivier Fourcade, alias Jacques Lambert, avait fondé sa première maison d'édition en 1929 et y avait employé Michaux comme conseiller littéraire. Après avoir confié à son ami l'édition de Nous deux encore, Michaux arrêta la diffusion du volume : même si 750 exemplaires sont annoncés à la justification (celui-ci n° 188), bien moins circulèrent.


[On joint :]

DUBUFFET, Jean. Lettre autographe signée à Henri Michaux. 16 novembre [1948].

2 pages in-8. Rempliée, montée sur onglet.

"Grand merci cher ami de nous avoir adressé ce cher livre funèbre. Nous sommes très émus que vous l'avez écrit et publié et que vous nous l'avez adressé. C'est un grand contentement pour vos amis et qui ont aimé la gentille Marie Louise que vous avez ainsi, vers la date anniversaire de son tragique anéantissement, érigé ce chaud monument à sa mémoire. Il fallait le faire et nous sommes contents que vous l'ayez fait. Ce livre nous émeut grandement ! Et il vient ajouter un lien aux liens qui nous attachent à vous et au souvenir d'elle."


Sur Dubuffet et Michaux, voir aussi lot 73 (lettres de Dubuffet à Michaux), 144, 145 et 147 (éditions de Michaux avec envoi à Dubuffet ou lettres de Dubuffet).

Sandrine Thiry, "Michaux et Dubuffet : rencontre de deux hommes du commun", in Henri Michaux, corps et savoir, sous la dir. de Pierre Grouix et Jean-Michel Maulpoix, ENS, 1987, p. 297-324, résumé de l'article, en ligne : https://books.openedition.org/enseditions/21075?lang=fr

Deux hommes du commun. Michaux et Dubuffet se rencontrent à la fin de l'année 1944, après que Dubuffet ait sollicité Marie-Louise Michaux, qui tenait la galerie André rue des Saints-Pères, pour y exposer ses lithographies. Immédiatement séduit par les peintures de Dubuffet, Michaux écrit à Paulhan : "Vu exposition Dubuffet. Plein de qualités de peintre ce Dubuffet. J'ai été conquis. Depuis, je me reprends... un peu" (Pléiade, I, p. CXXIV). Ils furent très proches dans les années d'après-guerre, au point de passer Noël 1946 ensemble (I, p. CXXVIII). En 1947, Dubuffet note, à propos d'un déjeuner avec Michaux et Bertelé : "Michaux a été épatant ; il s'amusait à haricoter Léautaud ; il haricotait épatement, il avait toujours le dernier mot, il était extrêmement drôle, il était en très bonne forme et bonne humeur". En octobre 1947, l'exposition de Dubuffet à la galerie Drouin "Les gens sont bien plus beaux qu'ils croient / Vive leur vraie fugure", sont montré 7 des 9 portraits que le peintre a réalisés de son ami "et de monsieur Plume". Le mois suivant a lieu la création du Foyer de l'Art Brut : si ce n'est que plus tard que Michaux manifestera son intérêt pour l'entreprise, le poète ne pouvait être que très proche de cet univers, ainsi que le note R. Bellour et Y. Tran : son intérêt pour "les enfants, les fous, les primitifs...", l'influence de Paul Klee, et sa approximé avec Dubuffet à cette époque. En 1949, Dubuffet publie un croquis-portrait de Michaux titré : "Henri Michaux garçon triste (et génial) à tête de poussin écrit, dessine et chante des rêves". En 1952, Michaux et Dubuffet participent à une exposition collective au studio Paul Facchetti, avec Ossorio, Appel ou Pollock. La folie, au centre du concept d'Art Brut, inspire cette lettre à Dubuffet, après sa lecture de Connaissance par les gouffres en 1961 : "Il est traité de folie magistralement, vous la donnez à vivre. Elle est bien tentante. Il en est d'elle comme tout chose, elle donne à perdre par un bout, mais à gagner par un autre. Elle n'est pas comme on le croit une valeur négative. Il n'y a pas de valeurs négatives. Je m'émerveille du courage de vos expériences, et de leur cours opiniâtre." (III, p. XV). En juin 1965, Michaux devient membre officiel de la Compagnie de l'Art brut de Dubuffet, qui lui écrit : "Il faut que vous aimiez bien l'Art brut, mon cher Michaux, pour consentir si gentiment à cette position de sociétaire, et je saisis pleinement le prix de cette décision" (III, p. XXVII).


"En effet une véritable communauté d’esprit se dessine dans ce simple geste de « graver », tant au niveau de la peinture qu’au niveau de la littérature. Ce qui unit les deux créateurs avant tout, c’est sans doute la conviction que l’art (pictural, poétique) ne donne pas à l’homme toute sa place, qu’au contraire il fige ce dernier dans un carcan aliénant qui ne rend compte en aucune façon de sa complexité. Des « positions anti-culturelles » vont alors les amener, chacun à sa façon, à proposer une représentation nouvelle d’un homme qu’ils annoncent tous deux « faible », « inadapté » mais pourtant merveilleusement multiple, changeant, riche de ressources. L’intérêt majeur de cette nouvelle représentation est de préférer à un espace vertical – celui du mot d’ordre et de la métaphore aussi un espace horizontal – métonymique. Que ce soit de la (dé) composition de portraits par contiguïté chez Dubuffet ou par l’épanchement du pigment réaliste dans l’eau songeuse chez Michaux, c’est à un véritable éloge de l’individu « du commun » rendu à sa présence réelle – au milieu des fourmis et des 'antennes vibrantes' – qu’aboutissent nos deux peintres et / ou écrivains." (Sandrine Thiry).

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