Poèmes. 1952. Exemplaire de tête avec double suite. En feuilles.
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October 23, 12:33 PM GMT
Estimate
30,000 - 50,000 EUR
Starting Bid
26,000 EUR
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Description
Staël, Nicolas de — René Char
Poèmes.
Paris, [Aux dépens de l'artiste], 1952.
In-folio (370 x 228 mm). En feuilles, couverture à rabats, chemise illustrée, étui noir aux plats gaufrés.
Exemplaire de tête avec double suite, sur Japon et sur vélin.
Magnifique livre de peintre conçu par Staël.
14 bois originaux de Nicolas de Staël, dont l'un en frontispice.
Une lithographie originale en couleurs pour la couverture.
Un des 15 exemplaires de tête (n° 6) avec une double suite des bois :
Signé au feutre par Staël et Char à la justification.
Nicolas de Staël supervisa totalement la conception de ce livre : choix du papier, tirage, typographie, allant jusqu'à polissant lui-même l'étui à l'agate. “Il n'est guère de livre où se trouve plus affirmé le tempérament d'un artiste qui ne transige pas, affirmant au maximum de son intensité le noir et le blanc, révélant le texte par le choix d'un Firmin Didot généreux, tandis que les planches donnent à la lumière l'empire du ciel nocturne. Subtilité et simplicité s'y conjuguent dans une gamme de contrastes. On a signalé que certaines des planches allaient au-delà des recherches contemporaines de Staël en peinture. Lui-même eut conscience de ce que cette expérience lui avait apporté. Il entreprit pour Char une seconde série de gravures sur bois en bleu, blanc et rouge, que la mort l'empêcha de mener à terme" (Antoine Coron).
René Char et Nicolas de Staël, Correspondance 1951-1954, Éd. des Busclats, 2010.
Char, dans l'atelier du poète. Gallimard, Quarto, 2007.
René Char et Nicolas de Staël se rencontrent chez Georges et Marguerite Duthuit au début de l'année 1951 : très vite, l'idée naît d'une collaboration autour d'un livre. Si Staël souhaite des poèmes inédits, Char préfère voir le travail du peintre avant de se décider. Finalement, il choisit des poèmes du Poème pulvérisé. L'artiste est d'abord très impressionné par le poète, et écrit à Jacques Dubourg : "Dans l'ensemble, cet homme est fait de dynamite dont les explosions seraient hâlées de douceur calme. Tous les pontes lui cavalent au froc sans retenue, Braque seul a de la discrétion. Il fait traîner Matisse qui lui envoie soixante aquarelles qui ne lui plaisent pas, choisit dans une liasse de plus de deux cents dessins de Miró et ainsi de suite [...] Mais je n'arrive absolument pas à savoir et ne puis le lui demander franchement qu'est-ce qu'il va faire. Vingt poèmes ou soixante pages de prose, sur la peinture en général ou sur ma pomme en particulier" (Dans l'atelier du poète, p. 651). Staël commence à travailler ses bois au mois de juillet 1951 : "Je tape dedans le plus vite possible avec cent vingt gouges". Char, en convalescence à Briançon, vit la création par les lettres de son ami : "J'aperçois d'ici notre livre entre roc et étoiles avec des yeux lucides et purifiées". Il donne son sentiment sur le papier à utiliser : "tout le livre sera sur Arches, les suites sur Japon ancien et un vélin anglais qui garde une brillance au séchage mais incendie le noir parfaitement". est inquiet, car c'est son premier "livre de luxe" ; expérimenté sur la question, son ami le rassure : "tu as fait là une très impressionnante œuvre réelle".
Le livre est achevé en novembre 1951.