Bellmer, Hans

Bellmer, Hans

Die Puppe.

Karlsruhe [Th. Eckstein], 1934.

In-12 (115 x 94 mm). Box gris clair, les deux plats ornés à l'identique d'un double filet noir isolant un losange central aux côtés prolongés par une incrustation de dentelle blanche sur fond noir, même motif repris sur le dos, doublure et gardes de daim noir, tranches dorées, couverture et dos, chemise et étui (Georges Leroux, 1964).

Rarissime édition originale.

Exemplaire de Nusch Éluard avec envoi de Hans Bellmer.

Il a figuré à l'exposition La Révolution Surréaliste au Centre Pompidou.

"His photobook magnum opus" (Parr-Badger).

Édition originale publiée à compte d'auteur de manière artisanale. Elle ne serait tirée qu'à quelques dizaines d'exemplaires.

Texte sur papier rose.

10 photographies originales de Bellmer en noir et blanc (environ 90 x 60 mm), contrecollées sur papier-carton jaune.

3 vignettes reproduisant en noir des dessins et une empreinte digitale de Bellmer.

Envoi autographe signé, à l'encre sur la page de titre :

"à madame

Nusch Éluard

comme petit signe

des hommages et

de la considération

de Hans Bellmer".

Les poupées de Bellmer. À l'aube du nazisme, une représentation du conte d'Hoffmann où le rôle principal est tenu par la poupée Olympia provoque une révélation chez Bellmer : il veut lui aussi construire une fille artificielle, une poupée dont les jointures à boules seront au cœur de sa structure. Il développe une œuvre jouant sur le désir en photographiant la poupée dans des poses et des lieux où elle devient à la fois provocatrice et dérangeante. Die Puppe, paru en 1934 est illustré de 10 photographies de la poupée de plâtre et de papier mâché.

La publication fascine les surréalistes parisiens, qui lui consacrent une double page dans Minotaure en décembre 1934. Dès 1936, Paul Éluard envisage l’écriture de poèmes d’après les poupées de Bellmer, poèmes qu’il rédige en 1938, et qui seront repris dans Les Jeux de la Poupée en 1949 aux Éditions Premières. C'est sur une idée d'Éluard que le photographe colorisa ses images. Bellmer offrit à son ami Éluard 2 des éditions uniques du livre qu'il avait confectionnées à la demande de Breton pour l'inauguration de la galerie Gradiva ; parmi les 5 maquettes que Ji-Yoon Han a retrouvées, deux furent offertes à Éluard en décembre 1935 et en décembre 1936.

Muse surréaliste, Nusch Éluard, seconde compagne du poète après Gala et avant Dominique (voir lot 25), fut proche de nombreux photographes. L’année suivante de la publication de Die Puppe, en 1935, elle pose pour le célèbre Facile de Man Ray et d'Éluard, et sera aussi le modèle de Lee Miller, Brassaï ou Dora Maar. Étudiant la diffusion de l'œuvre de Bellmer, Ji-Yoon Han note que "tous [les amis surréalistes] reçoivent des livres, et souvent même des tirages photographiques de la Poupée en grand format, à commencer par Paul et Nusch Éluard".

"Paul Éluard, parmi les surréalistes, s’enthousiasma particulièrement pour la poupée. Il saisit toute sa valeur de provocation, de reconquête, de plénitude et, par son poème, apporte à ce qui n’était qu’une image la vertu du mot " (in P. Éluard, Œuvres complètes, La Pléiade I, p. 1567).